Depuis le 19 novembre, la République démocratique du Congo vibre au rythme de la campagne électorale pour les élections du 20 décembre prochain, principalement la présidentielle.

Cette première semaine de la campagne électorale a permis de dégager les grandes tendances de la présidentielle. Deux candidats sortent du lot à travers leurs campagnes respectives qu'ils mènent dans les différentes provinces du pays. Il s'agit de Moïse Katumbi et Félix Tshisekedi.

Aujourd'hui rivaux et challengers pour briguer la magistrature suprême, mais la situation entre les deux personnalités n'a toujours pas été la même durant ces dernières années. Retour sur une relation politique en dents de scie depuis 2015 jusqu'à ce jour.

Au commencement, l'affaire de trois penalties et la rencontre de Genval

En 2014, le combat pour la vérité des urnes bat de l'aile et l'opposition congolaise est en panne de leadership depuis le départ quelques années avant d'Etienne Tshisekedi à Bruxelles pour des soins médicaux. C'est en ce moment qu'apparaît un cacique le la majorité en place, Moïse Katumbi qui dans une déclaration à Lubumbashi estimait qu'il n'y aurait pas de troisième faux penalty après ceux de 2006 et 2011 en faveur de Joseph Kabila.

" Deux penalties acceptés, mais un troisième pourrait amener le public à descendre sur le terrain ", avait déclaré Moïse Katumbi à Lubumbashi.

Véritable bouffée d'oxygène pour l'opposition, l'arrivée de Katumbi et de son G7 va amener l'opposition à s'organiser lors d'une rencontre à Genval en créant le " Rassemblement de l'opposition " pour lutter contre le probable troisième mandat du Président Joseph Kabila.

À l'issue de cette rencontre de l'opposition, plusieurs personnalités politiques accusent Félix Tshisekedi d'avoir vendu l'UDPS à Moïse Katumbi d'autant plus que le fils du sphinx est de tous les combats juridiques contre l'homme d'affaires natif de Kashobwe.

" Il est en position inconfortable. Moi, je suis libre de mes mouvements. Nous faisons tout pour qu'il revienne… C'est un ami, un frère, un homme de parole, que j'ai rencontré en 2010. On se complète et ça doit continuer ", avait déclaré Félix Tshisekedi en 2017 à propos de Katumbi, niant au passage avoir vendu l'UDPS à l'ancien gouverneur du Katanga.

À Genève, la première friction

En 2018, l'opposition congolaise se réunit à Genève pour désigner le candidat commun de l'opposition aux élections organisées en décembre de la même année. Félix Tshisekedi, favori pour être le porte-étendard de l'opposition, perd le vote au profit de Martin Fayulu.

Félix Tshisekedi retirera sa signature de cet accord en compagnie de Vital Kamerhe, disant que cet accord était " un dol " contre lui et l'UDPS. Quoiqu'il fût favorable à la candidature de Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi va soutenir la candidature de Martin Fayulu comme convenu à Genève.

" Nous vous demandons de voter pour Martin Fayulu, mais sans la machine à voter. Vous nous avez demandé de désigner un candidat commun de l'opposition et c'est ce qu'on a fait ", avait déclaré Moïse Katumbi.

Malgré cet épisode, les deux hommes vont garder des relations cordiales et katumbi recevra son passeport et retournera en République Démocratique du Congo en 2019 après l'accession de Félix Tshisekedi au pouvoir.

Vaincre d'abord Kabila et son FCC

Orphelin d'une majorité à l'Assemblée nationale, Félix Tshisekedi est obligé de pactiser avec le camp de Joseph Kabila afin de créer une coalition pour former le gouvernement et diriger le pays. Cette coalition s'appellera " FCC-CACH ".

Dans cette coalition, rien ne va. Sur fond de suspicions, les uns accusent les autres de bloquer la machine gouvernementale pour la réalisation des différentes actions de l'exécutif national. C'est dans ce cadre que Félix Tshisekedi va lancer les concertations nationales en vue de se débarrasser du FCC.

Voyant l'opportunité de prendre la revanche contre l'ancien pouvoir de Kabila, le président national du parti Ensemble pour la République va répondre favorablement à l'appel de Félix Tshisekedi. Ces assises vont permettre la création de l'Union sacrée de la nation dans laquelle Moïse Katumbi va prendre part et placer quelques membres dans le gouvernement.

" Nous sommes partie prenante de la démarche consistant à constituer cette majorité dans le cadre de l'Union sacrée de la nation. Nous sommes donc venus échanger avec l'informateur pour lui confirmer notre adhésion à la démarche qui consiste à constituer cette nouvelle majorité ", avait déclaré Sam Bokolombe, un député du Parti Ensemble.

Cependant, cette alliance de circonstances ne va durer que quelques mois, car les deux leaders ont des ambitions présidentielles. Pour Tshisekedi, il s'agissait de conserver le pouvoir et pour Katumbi, de briguer la magistrature suprême. Ainsi, les deux ne pouvaient plus cohabiter.

Le duel des urnes

Tshisekedi et Katumbi ont commencé à s'affronter par personne interposée bien avant la campagne électorale. Les partisans du Président de la République accusaient Katumbi de ne pas être congolais et ceux de l'ancien gouverneur du Katanga martelaient que Tshisekedi avait échoué, car il n'arrivait pas à mettre fin à la guerre de l'est.

Mais l'affrontement a monté d'un cran depuis le début de la campagne électorale. Le Président Tshisekedi accuse Katumbi d'être le candidat de l'étranger qui n'arrive pas à prononcer le nom de l'agresseur.

" Ils sont soutenus par le président d'un petit pays frontalier qui cause des souffrances à nos frères congolais jour après jour. Ce président utilise ces candidats pour vous mentir et obtenir vos voix, afin de continuer à maltraiter les Congolais ", a dit Félix Tshisekedi à Mbandaka.

De son côté, à Beni et Butembo, le candidat président numéro 3 a répondu qu'il n'est pas le candidat de l'étranger. Le candidat de l'étranger est celui qui fait beaucoup de voyages à l'étranger.

" Ils ont dit que je suis un candidat de l'étranger. Combien de voyages ont-ils fait ? Moi, je suis un candidat des actions. Je vais construire des routes ici, je vais vous amener du courant ", a dit Moise Katumbi.

Tshisekedi et Katumbi semblent partis pour être les figures des proues de ces élections présidentielles du 20 décembre 2023. Ces anciens faux jumeaux de l'opposition et du pouvoir vont devoir se départager à travers le jeu démocratique après une relation politique tumultueuse faite d'accords et de désaccords. Vivement le verdict des urnes.

David Mukendi

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