Jeudi 9 novembre, la Cour Suprême de Gitega a poursuivi les debats dans l'affaire Bunyoni, qui est inculpé pour neuf infractions, y compris une tentative d'assassinat sur la personne du président de la republique.
Durant les audiences, il a été exposé que Bunyoni avait accumulé un patrimoine considérable comprenant 150 propriétés immobilières et 43 véhicules, dont l'origine des fonds n'a pas été établie. Le Parquet a ainsi plaidé pour qu'une amende équivalant au double de la valeur de ces biens lui soit infligée.
L'ancien chef du gouvernement a plaidé pour son acquittement de l'ensemble des charges, arguant que l'accusation n'avait pas présenté de preuves suffisantes pour étayer ces allégations.
Le procès a également concerné Désiré Uwamahoro, ancien responsable de la police anti-émeute, et Samuel Destin Bapfumukeko, ex-directeur du service national de renseignement, sur lesquels pèsent des accusations de divulgation de secrets professionnels et de complicité dans la tentative présumée de coup d'État orchestrée par le Général Bunyoni. Pour ces faits, une peine de 30 ans de réclusion a été requise par le Parquet.
Ils ont également demandé à la Cour leur acquittement, en réfutant l'existence de preuves tangibles produites par le Parquet.
Il convient de mentionner que quatre autres individus sont impliqués dans cette affaire, dont le chauffeur personnel du Général Bunyoni et le chef de la zone rurale de Bujumbura, où Bunyoni s'était réfugié avant son arrestation. Pour ces personnes également, le Ministère Public a sollicité auprès de la Cour une sentence de 30 ans d'emprisonnement, peine contre laquelle ils se défendent en invoquant l'absence de preuves formelles et en réclamant leur libération.
Les jugements de la Cour Suprême de Gitega sont attendus dans un délai de 30 jours.
La chute libre d'un homme fort du gouvernement
Si la Cour Suprême de Gitega se range du côté des réquisitions du Parquet, le Général Alain Guillaume Bunyoni pourrait finir sa vie en prison.
Une telle issue marquerait une chute vertigineuse pour cet ancien homme fort du gouvernement burundais, qui a autrefois tenu les rênes du pouvoir avec une poigne de fer.
Avec la trêve signée entre le CNDD-FDD et le gouvernement burundais en 2003, Bunyoni avait su se réinventer en devenant Coordinateur de l'État-major intégré de la police nationale l'année suivante.
Il a ensuite gravi les échelons rapidement : Directeur Général de la police nationale, point focal du Centre africain d'étude sur le terrorisme, puis deux mandats en tant que ministre de la sécurité publique.
Avant son élévation à la primature, il avait aussi servi en tant que Secrétaire Exécutif Permanent du Conseil National de la sécurité et Chef de Cabinet Civil du Président.
Sa richesse et son pouvoir faisaient de lui une figure prépondérante sur la scène politique burundaise.
Il semblait intouchable, à l'abri des remous politiques, évoluant au-dessus des défis habituels auxquels font face même les plus hauts dignitaires.
Mais aujourd'hui, l'ombre de la Cour Suprême plane au-dessus de lui, avec le risque réel d'un revirement total de fortune.
Franck_Espoir Ndizeye
Source : https://fr.igihe.com/Affaire-Bunyoni-Du-zenith-du-pouvoir-a-une-cellule-sombre-de-Gitega.html
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