Le gouvernement britannique, dirigé par le Premier ministre Rishi Sunak, a exprimé sa détermination à défier la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour réaliser son projet d'expulsion de migrants vers le Rwanda.

Cette annonce fait suite à un jugement défavorable de la Cour suprême britannique, qui a statué sur l'illégalité de cette politique clé du gouvernement conservateur.

La Cour a notamment critiqué le traitement des demandeurs d'asile au Rwanda, affirmant qu'il existait un "risque réel" qu'ils soient renvoyés dans leur pays d'origine où ils risqueraient des persécutions.

En réponse, Sunak a révélé qu'un "nouveau traité" avec Kigali était en préparation pour répondre aux préoccupations de la Cour suprême. Après des discussions avec le président rwandais Paul Kagame, les deux leaders ont réaffirmé leur engagement envers ce partenariat.

Downing Street a indiqué que des mesures étaient envisagées pour assurer la légalité et la solidité de cette politique.

Pour contrer l'opposition judiciaire, Sunak a proposé une "loi d'urgence" qualifiant le Rwanda de pays sûr.

Il a averti qu'il ne permettrait pas à la CEDH, basée à Strasbourg, de bloquer ces expulsions. "Si la cour de Strasbourg décide d'intervenir contre la volonté du Parlement, je suis prêt à faire tout ce qu'il faut pour faire décoller des avions", a-t-il affirmé.

Ce plan, initialement proposé sous le gouvernement de Boris Johnson il y a un an et demi, et qui n'a pas encore été mis en œuvre, vise à décourager l'immigration clandestine. Cependant, ses opposants le considèrent comme inhumain et demandent des voies légales d'accès au système d'asile.

Le gouvernement rwandais a contesté la décision de la Cour suprême, affirmant être un pays tiers sûr pour les demandeurs d'asile et les réfugiés.

Cette situation intervient alors que le nombre de migrants traversant la Manche a atteint des records, avec plus de 27 000 personnes cette année, après un record de 45 000 en 2022.

Parallèlement, le Royaume-Uni a adopté une législation plus stricte sur l'immigration, interdisant aux migrants arrivés illégalement de demander l'asile.

Le projet controversé du gouvernement britannique d'expulser des migrants vers le Rwanda illustre les contradictions et les embarras de la politique et des pratiques européennes en matière d'accueil des réfugiés.

D'une part, l'Europe est signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés, qui garantit à toute personne fuyant la persécution le droit d'asile.

D'autre part, l'Europe est confrontée à une crise migratoire sans précédent, avec des flux croissants de personnes fuyant les conflits et la pauvreté.

Le projet du gouvernement britannique est une tentative de répondre à cette crise migratoire, mais il est critiqué pour son caractère inhumain et inefficace.

Ce projet illustre également la contradiction entre la politique européenne de fermeture des frontières et la protection des droits des réfugiés.

En effet, l'Europe a adopté une série de mesures visant à dissuader les migrants de venir, notamment en renforçant les contrôles aux frontières et en interdisant l'entrée aux migrants arrivés illégalement.

Ces mesures ont eu un effet dissuasif, mais elles ont également conduit à une augmentation des risques pour les migrants.

En effet, les migrants sont contraints de prendre des risques plus importants pour traverser les frontières, ce qui augmente le risque de noyade, d'accident ou de violence.

Le projet du gouvernement britannique est une illustration de l'impasse dans laquelle se trouve l'Europe en matière d'accueil des réfugiés.

L'Europe est confrontée à une crise migratoire sans précédent, mais elle est incapable de trouver une solution qui concilie la protection des droits des réfugiés et la gestion des flux migratoires.

A titre d'exemples, la Turquie accueille plus de 3,6 millions de réfugiés syriens, mais elle est sous pression de l'Union européenne pour les renvoyer dans leur pays.

Pour sa part, la Grèce a été critiquée pour ses conditions d'accueil des migrants, qui sont souvent insalubres et surpeuplées.

Tandis que l'Italie a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme pour avoir refoulé des migrants vers la Libye, où ils risquaient de subir des tortures.

Ces exemples montrent que l'Europe a encore un long chemin à parcourir pour garantir une protection efficace aux réfugiés.

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Le-case-tete-europeen-de-l-immigration-clandestine.html