Kigali, le 9 Novembre 2023
Ma lettre ouverte à :
â" Président des Etats Unis d`Amérique, Son Excellence Joe Biden
â" Président de la France, Son Excellence Emmanuel Macron
â" Premier Ministre Belge, Son Excellence Alexander De Croo
â" Antony Blinken, Secretaire d`Etat â" USA
â" António Guterres, Secretary-General of the United Nation
â" La Présidence -trios de l`Union Européenne (Espagne (Juilletâ"Décembre 2023), Belgique (Janvierâ"Juin 2024) and Hongrie (Juilletâ"Décembre 2024)
â" Mme Matilda Schedwin Cheffe de Délégation adjointe, Cheffe de Section Politique, Presse et Information | Délégation de l'Union Européenne en RDC
â" Antoine Anfre, Ambassadeur de la France au Rwanda
â" La Présidence de L`union Africaine
â" La Présidence et le Secrétariat General de la Communauté de l`Afrique de l`Est
â" La Présidence et le Secrétariat General la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).
â" Son Excellence, Monsieur le Président du Rwanda, Paul Kagame
â" Son Excellence, Monsieur le Président de la RDC, Félix Tshisekedi
â" Son Excellence, Monsieur le Président de l`Ouganda, Yoweri Museveni
â" Son Excellence, Monsieur le Président du Burundi, Evariste Ndayishimiye (Président en exercice de l`EAC)
â" Son Excellence, Madame la Présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu
Il y a 30 ans, j'étais une petite fille Rwandaise pleine de vie et de rêves. Des rêves, qui, malheureusement, se sont effondrés en 1994, avec le génocide contre les Tutsis. Un événement qui a marqué ma vie entière. Un événement qui a marqué toute ma vie, me laissant, ainsi que des millions de Rwandais, avec d'innombrables cauchemars à vivre.
Les événements du Génocide de 1994 contre les Tutsis débutent avec des propagandes et incitation à la haine, harcèlements, viols, meurtres, des maisons brûlées, des déplacés ici et là.
Alors que les massacres innombrables commençaient et que la communauté internationale ignorait la souffrance de mon peuple, je me suis retrouvée errant dans les marais, dans les forêts, dans les champs abandonnés et Dieu seul sait où encore, portant mon petit-frère sur le dos, la famine nous creusant le ventre et nous poussant à manger de l'herbe comme du bovin et à boire des eaux sales des marais, remplis de corps des innocents péris dans ce cauchemar.
Pourtant, j'ai survécu. J'ai survécu tandis que la population de mon pays était décimée par près d'un million de personnes. Un million de vies humaines. Un million de voix rendues silencieuses par des machettes, des balles et encore des outils de meurtre plus horribles.
Les dirigeants du monde libre sont restés là, à ne rien faire. Après les atrocités du génocide de 1994 contre les Tutsis, ils ont tous dû faire face à leur passivité honteuse, et depuis lors, la Communauté Internationale a promis une absolution en s'engageant à deux mots : "Plus Jamais !"
Des années plus tard, miraculeusement, j'ai surmonté les conséquences du génocide. J'ai réussi à reconstruire quelques fragments restants de mes rêves, et passionnément, animé par le désir de donner une voix aux sans voix, je suis devenu journaliste. Et maintenant, je me retrouve à couvrir la tragique répétition d'événements similaires commis par les mêmes individus à l'Est du Congo.
Il est évident que ce genre de conflit entraînant le génocide n'a jamais cessé d'exister. Un conflit qui n'a cessé d'accroître progressivement avec cette attitude d'impunité à l'égard des individus qui ont fui le Rwanda après avoir commis le génocide contre les Tutsis en 1994, et dont la descendance ou adhérents ne voient malheureusement aucun inconvénient à ôter la vie de leurs victimes.
Le génocide semble se poursuivre dans ce pays voisin, où la population congolaise semble avoir été infectée par ce virus incurable du Génocide. Actuellement, des innocents continuent à périr à la machette et aux feux de ces chasseurs humains, aux lourdes artilleries de la coalition gouvernementale FARDC-WAZALENDO-FDLR-NYATURA-Mai Mai-Mercenaires et autres.
Les rapports que mon collègue et moi avons rassemblés au fil des mois révèlent l'ampleur de l'horreur, avec des familles déchirées, déplacées et dispersées partout, des enfants errants seuls, une terre dévastée par la guerre sans organisations humanitaires, des femmes et des filles violées, des maisons de Tutsis congolais brûlées ou pillées, un anéantissement systématique du bétail et la propagande raciste élaborée et mise en uvre par le Gouvernement Congolais. Les journalistes sont intimidés, emprisonnés, voire même complices de cette propagande, plutôt que valoriser leur métier agissant contre cela.
Et encore une fois tout ceci se passant sous le nez des observateurs étrangers et de la communauté internationale qui n'a cessé d'exister et de promettre qu'une telle situation ne se répéterait guère.
Malheureusement, le monde semble fermer ses yeux sur ce qui se passe dans la région du Kivu.
Je m'adresse à vous en tant que journaliste, mais surtout en tant qu'être humain profondément préoccupé par la tragédie qui frappe le Congo. Les horreurs du génocide qui ont affligé ce pays pendant trop longtemps ne peuvent plus être ignorées.
En tant que témoin des souffrances incommensurables endurées par les Congolais, je ressens le devoir moral de solliciter votre action immédiate.
La situation au Congo exige une mobilisation internationale sans précédent. Les ressources et l'attention doivent être dirigées vers la protection des civils, la résolution des conflits, traduire en justice les responsables de ces atrocités et l'établissement d'une paix durable.
La communauté internationale a le devoir de s'unir pour mettre fin à cette violence insoutenable.
Je vous implore de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette tragédie. La paix au Congo est possible, mais cela nécessite un engagement ferme de la part de chacun d'entre nous.
En tant que lecteur(trice) ou acteur(trice) influent(e), vous avez la capacité de faire la différence.
Nous écrivons pleins d'articles et réalisons une multitude de reportages vidéos sur https://youtube.com/@kivupressagency1155 et sur notre blog https://kivu-press-agency.ghost.io/pour dénoncer cela et démontrer la réalité avec des témoignages recueillis sur place.
S'il vous plaît, veuillez agréer à ma requête et considérer faire vos propres recherches sur terrain afin de voir la réalité en face et de stopper ce cauchemar avant qu'il soit trop tard et que la région de l'Afrique de l'Est toute entière soit devenu un champ de bataille qui marquerait le monde et sa nouvelle génération.
Je comprends que la plupart des observateurs étrangers n'osent pas mettre leurs pieds à ce terrain glissant pourtant ignorés par ceux qui devraient le rendre praticable ; mais il est aussi clair que le monde n'arrêtera jamais d'être pire si nous ne levons pas nos pouvoirs ensemble pour le rendre meilleur.
N'oublions pas que le silence équivaut à la complicité. Agissons maintenant pour mettre fin au génocide au Congo et prévenir de futures atrocités.
S`il vous plait, souvenez-vous toujours de votre promesse au monde entier. " Plus Jamais ! "
Je vous remercie de prendre en considération cet appel à l'action urgent.
Avec respect,
Adeline UMUTONI, Journaliste engagée
Adeline UMUTONI
Source : https://fr.igihe.com/Lettre-ouverte-denoncant-un-genocide-en-cours-en-RDC.html
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