Le candidat à l'élection présidentielle condamne au grand jour un processus électoral dont il bénéficie en coulisses.

Le Docteur Mukwege, prix Nobel de la Paix et internationalement reconnu pour son travail en faveur de la santé des femmes, est-il en train de préparer le terrain pour un coup d'Etat institutionnel avec la Cour constitutionnelle en République Démocratique du Congo (RDC) ?

La question mérite d'être posée car, en effet, son regroupement politique, ACRN (Alliance des Congolais pour la Refondation de Nation), n'est pas parvenu à présenter un nombre suffisant de candidats à la députation nationale et n'a pas atteint le seuil de recevabilité à la date butoir du 28 juillet 2023. Pour rappel, ce seuil de recevabilité a été fixé à 284, ce qui correspond à 60% des sièges ouverts dans le cadre des élections législatives de décembre 2023. Ce seuil ne considère donc pas les circonscriptions où l'élection législative n'aura pas lieu ou encore les sièges cooptés à l'Assemblée Nationale. Dès lors, apparaissant avec un nombre de 242 candidats députés sur les listes provisoires publiées par le CENI le 11 août 2023, ce regroupement politique, rassemblant une mosaïque hétéroclite de plus de 7 partis, n'avait, dans un premier temps, pas été retenu parmi les organisations politiques autorisées à concourir aux élections législatives car n'ayant pas atteint le seuil de recevabilité.

Pourtant, le 31 août 2023, Coup de théâtre ! La Cour constitutionnelle " ordonne à la CENI de reprendre le Regroupement ACRN parmi les entités ayant réalisé le seuil de recevabilité et recevoir la liste des députés proposés aux prochaines élections législatives de 2023 ".

Face à cet imbroglio, nous sommes dans l'obligation de nous interroger sur les raisons pour lesquelles la Cour Constitutionnelle, instance suprême en matière de contentieux électoral et dont les arrêts ne non susceptibles d'aucun recours, a décidé de repêcher le regroupement de Denis Mukwege.

De prime abord, on aurait pu croire que cet arrêt visait à rééquilibrer les effets de certaines manœuvres politiques qui auraient conduit au blocage de certains candidats Mukweguistes. Ce refrain était d'ailleurs repris en boucle par les partisans du Prix Nobel, estimant avoir été victimes d'un coup fourré du " Pouvoir ". Pourtant, à l'époque déjà, les plus fins observateurs faisaient remarquer que, curieusement, aucun candidat ACRN n'apparaissait sur la liste des dossiers rejetés et que la simple hypothèse de la non atteinte du seuil de recevabilité restait la plus plausible. Les
doutes étaient déjà permis : quelles sont les capacités politiques réelles d'un candidat incapable d'atteindre le seuil avec plus de 7 partis ?

Et si finalement, la collusion tant décriée avec le Pouvoir avait plutôt lieu entre le Prix Nobel et la Cour Constitutionnelle ? Voici une question tout à fait légitime à l'heure où la CENI a publié les listes définitives pour les législatives nationales. En
effet, selon le décompte réalisé sur ces listes publiques et auxquelles tout le monde a désormais accès, le total des candidats ACRN est de 247 ! Cela fait, certes, 5 de plus que le jour de l'arrêt du 31 août mais cela fait toujours 37 de moins que le seuil
de recevabilité fixé à 284 par la Centrale électorale…Rien n'y fait, le compte n'y est toujours pas!

Ce repêchage, en eaux troubles, appelle donc à de nombreuses questions. Que s'est-il passé pour qu'un regroupement qui n'a visiblement pas atteint le seuil soit réhabilité par la CENI sur ordre de la Cour Constitutionnelle ? Existe-t-il un accord préétabli entre des puissances externes et leur relais locaux pour " imposer " le Docteur Denis Mukwege au peuple congolais ? La Cour constitutionnelle va-t-elle
décider d'imposer un faux résultat à la CENI en décembre 2023 pour voir le Docteur prendre la tête du pays ? Ses membres ont-ils été motivés financièrement par le Docteur ? Ses membres se sont-ils vu promettre des promotions ou des postes en cas de victoire de Denis Mukwege ?

Par ailleurs, ces piètres résultats en termes de candidatures questionnent également la capacité du Docteur Denis Mukwege à rassembler au-delà de son combat en faveur des violences contre les femmes et sur son absence totale d'organisation politique.
Quelque part, cela illustre aussi l'impréparation de ses équipes et remet clairement en cause le choix de sa personne pour porter un combat sur le champ politique. Ainsi, Même si tous les candidats de son regroupement sont élus, cela correspond à moins
de 50% des 500 députés composant l'Assemblée Nationale congolaise.

En outre, les listes provisoires des candidats aux élections législatives provinciales publiées le 29
septembre montrent que l'ACRN n'atteint le seuil de recevabilité que de 5 provinces sur 26. Tant d'impréparation au dépôt des candidatures à la députation nationale et provinciale démontre à suffisance que recevoir un prix Nobel de la Paix ne signifie pas être en mesure d'être un candidat sérieux à la Magistrature suprême.

Au moment où le doute plane à nouveau sur un éventuel accord politique pour la proclamation des résultats des élections de 2018, cette réhabilitation du regroupement de Denis Mukwege nous laisse réellement perplexe quant à la volonté des tenants des résultats de l'élection de 2023 de tenir compte effectivement du choix du peuple congolais.

Finalement, il est regrettable de constater que là où on pouvait s'attendre à des pratiques sournoises du pouvoir actuel, on dirait que certains concurrents de Félix Tshisekedi soient même encore plus rapides que lui à cadenasser le système. En tout cas, le Docteur Mukwege semble être le mieux parti
pour profiter d'un système électoral qu'il n'arrête pas de condamner au grand jour mais dont il bénéficie, en coulisses…

Jolino KIMIA â€" l'œil du Patriote

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Source : https://www.politico.cd/encontinu/2023/11/09/rdc-avec-247-candidats-deputes-nationaux-lacrn-de-mukwege-toujours-en-dessous-du-seuil-malgre-la-cour-constitutionnelle-tribune-de-jolino-kimia.html/145754/