Cette constatation alarmante a été dévoilée lors de la présentation du rapport d'activités pour la période 2022/2023 et des projections pour 2023/2024 devant les deux chambres parlementaires. L'évaluation menée par la commission a mis en lumière la situation alarmante de plusieurs prisons qui dépassent largement leur capacité, certaines affichant des taux de surpopulation dépassant les 215 %.

La prison de Musanze se révèle être la plus touchée par cette surpopulation, avec un taux effarant de 215 %. Elle accueille actuellement 4964 détenus, alors que sa capacité nominale est de seulement 2300 places. La prison de Gicumbi suit de près avec un taux de surpopulation de 198,9 %, hébergeant 3978 prisonniers au lieu de sa capacité prévue de 2000 places. La prison de Muhanga, quant à elle, détient 7228 détenus pour une capacité normale de 4200, affichant un taux de surpopulation de 172 %.

D'autres établissements ne sont pas en reste, à l'instar de la prison de Rusizi qui compte 3820 détenus pour une capacité de 2500, engendrant ainsi un taux de surpopulation de 152,8 %. La prison de Rwamagana enregistre un taux de 151,3 %, avec 18 472 détenus contre une capacité normale de 12 204.

Les prisons de Nyarugenge, Huye et Rubavu affichent également des taux de surpopulation préoccupants, à savoir 147,6 %, 146 % et 130 % respectivement. En revanche, la prison de Nyamagabe présente le taux de surpopulation le plus bas, atteignant tout de même 56 %.

Dans l'ensemble, la surpopulation carcérale dans les 14 prisons du Rwanda a atteint 140,7 % au cours de l'année 2022/2023, contre 129 % l'année précédente. Cette inspection révèle que 86 274 personnes sont incarcérées, dépassant ainsi la capacité initiale des établissements pénitentiaires qui était de 61 300 places.

Notons que sur ce nombre, 10 994 personnes se trouvent en détention provisoire, tandis que 156 individus demeurent en prison après l'expiration de la période de détention provisoire.

La parlementaire Veneranda Nirahirwa s'est exprimée avec inquiétude sur la récurrence de ces rapports alarmants concernant la surpopulation carcérale. Elle souligne la nécessité de trouver des solutions concrètes à ce problème, d'autant plus que malgré les promesses de résolution, la situation ne cesse de se détériorer, passant de 124 % en 2022 à plus de 140 % pour l'année en cours.

Mme Nirahirwa pointe également du doigt une pénurie de repas dans les centres de détention proches des tribunaux, expliquée par l'afflux de suspects venant d'autres cellules pour y prendre leur repas en attendant leur procès. L'inspection menée sur 100 lieux de détention à travers le pays a révélé la présence de 5543 détenus, dont 4875 hommes et 506 femmes.

Les chiffres du Service correctionnel du Rwanda (RCS) pour la période de mai à octobre 2023 révèlent que 13 prisons ont accueilli plus de 13 000 nouveaux détenus, soit une moyenne d'au moins 2 000 incarcérations par mois. La présidente de la Commission nationale des droits de l'homme, Providence Umurungi, évoque des initiatives telles que la "négociation de plaidoyer" pour réduire la surpopulation, exprimant son optimisme quant à une amélioration dans les deux années à venir.

Umurungi souligne également le nombre élevé d'affaires en cours devant les tribunaux par rapport au nombre limité de juges disponibles, ce qui contribue significativement à la surpopulation carcérale. Au cours de l'inspection, il a été révélé que 2438 affaires avaient dépassé la période de jugement de six mois à un an.

Le porte-parole du SCA, le SP Daniel Rafiki, a affirmé que des mesures, dont des accords de plaidoyer, ont permis la libération de 12 891 personnes en l'espace de six mois. Au mois d'octobre, les tribunaux rwandais ont résolu 923 affaires grâce à des accords de plaidoyer et ont traité 204 autres affaires en recourant à l'arbitrage.

Surpopulation carcéral au Rwanda : Des solutions urgentes nécessaires

Ange Carolle Kouassi



Source : https://fr.igihe.com/Surpopulation-carceral-au-Rwanda-Des-solutions-urgentes-necessaires.html