" L'opposition dans sa configuration actuelle cherche des éléments qui vont la pousser à passer à une contestation armée ", tel est le point de vue du Dr Babah Mutuza, analyste politique indépendant au cours d'un entretien avec POLITICO.CD.
D'après son analyse, les indicateurs démontrent que l'opposition viserait à adopter un schéma antidémocratique après la publication des résultats provisoires par la CENI.
Il s'est basé d'une part, sur la récente déclaration de Christian Mwando Simba, proche du candidat président de la République, Moïse Katumbi, appelant la population Katangaise, " à se préparer pour le combat ", dans la logique de réclamer sa supposée victoire volée par la CENI. D'autre part, il s'est appuyé sur la sortie officielle du mouvement politico-militaire de Corneille Nangaa qui s'est radicalisé contre le régime de Félix Tshisekedi.
" C'est un quand-même suspect lorsque Nanga déclare son mouvement. Et jusque-là son mouvement n'est pas actif militairement par-là, on se demande pourquoi, qu'est-ce-qu'il attend, justement il attend que la CENI publie les résultats provisoires et que l'opposition refuse catégoriquement qu'elle refuse d'aller à la Cour Constitutionnelle pour déclencher une nouvelle guerre ", a-t-il souligné d'emblée.
Pour lui, cet avènement risque d'être précédé par des contestations qui vont conduire aux échauffourées à Kinshasa et dans tout le pays sous prétexte d'application de l'article 64 de la constitution.
" Elle veut seulement avoir des éléments à présenter à la communauté internationale pour dire que nous avons démontré une telle irrégularité et puis nous avons été réprimés et comme ils veulent se cramponner au pouvoir nous allons appliquer l'article 64 autrement, c'est ce qu'ils cherchent. Pour moi, ils ont préparé ça, il y a longtemps et ils sont en train de remplir les derniers points ", a expliqué le Dr Babah qui condamne d'ores et déjà cette voie empruntée par l'opposition qui risque, selon lui, de conduire le pays dans un " bain de sang inutile et évitable ".
Dans ce sens, il accuse la classe politique d'être instigatrice du chaos préparé. Babah Mutuza pense que les indicateurs avaient démontré depuis belle lurette que le pays n'était pas encore prêt à organiser les élections cette année. Selon lui, ce qu'il qualifie de précipitation ne profite pas à la population.
" Toute la classe politique est responsable de ce désordre. La CENI, avait perdu deux ans parce qu'elle n'était pas d'accord avec Kadima. Il y a eu aussi un problème de financement, voilà ce qui provoque la responsabilité du gouvernement ainsi que de la CENI qui savait que c'était impossible et il y avait toujours possibilité de reporter ces élections et cela ne pouvait pas entraîner la fin du monde. Tout était planifié pour qu'il y ait contestation ", a-t-il tambouriné.
En ce qui concerne la demande d'annulation du scrutin formulée par une frange de l'opposition dont les camps Fayulu et Moïse Katumbi, cet analyste estime " mathématiquement impossible " dans la configuration actuelle.
" Si nous annulons les élections, qu'est-ce qui se passera après. Parce-que la CENI ne pourra pas organiser les élections dans deux ou trois mois. Il faut aussi rappeler que l'opposition veut l'annulation des élections et elle a aussi besoin d'un nouveau bureau de la CENI, ce qui peut pratiquement nous prendre encore deux ans. Parlons aussi des moyens, ces élections nous ont coûté beaucoup des moyens que le pays ne saura réunir dans deux mois et donc le Président de la République va encore glisser et après, ils vont dire qu'il n'est plus légitime. C'est chimérique. Ce n'est pas pratique cette demande ", a expliqué le Dr Babah.
Azarias Mokonzi
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