La Présidente Tanzanienne, Samia Suluhu Hassan a annoncé à travers un message destiné à son chef d'État-major son intention d'expulser les réfugiés congolais et burundais de son territoire national. Ils sont évalués à environ 250.000 au pays de Julius Nyerere.
Elle invoque plusieurs raisons qui motivent sa décision. Il s'agit entre autres des contraintes économiques et menaces sécuritaires d'une part, et du laxisme du HCR d'autre part alors que la convention des Nations unies sur les réfugiés stipule que le retour des réfugiés se fait sur une base du volontariat.
Cette décision de la présidente tanzanienne pose certainement des interrogations, mais au-delà des interrogations, cette expulsion des réfugiés congolais, si elle venait à se confirmer, constituerait un danger dont les conséquences peuvent être désastreuses pour les réfugiés, mais aussi pour la RDC.
Situation sécuritaire et humanitaire précaire en RDC
En premier lieu, il y a déjà la situation d'insécurité à l'est de la République démocratique du Congo. En effet, la plupart des réfugiés congolais en Tanzanie avaient fui les différents conflits armés entre les FARDC et les différents groupes armés. À l'heure où la Tanzanie envisage leur rapatriement, la situation est restée inchangée, mieux, elle a empiré avec la reprise d'armes par les terroristes du M23 qui occupent des pans entiers du territoire RD congolais.
Si donc la situation sécuritaire a empiré, il en est de même pour la situation humanitaire. Ainsi, on dénombre près de 6,9 millions de déplacés internes auxquels viendraient se greffer les réfugiés congolais qui pourraient être expulsés de la Tanzanie.
La situation humanitaire deviendra sans doute plus dramatique. Sachant que la promiscuité bat déjà son plein dans les différents camps des réfugiés congolais, dont le plus grand, celui de Kanyarushima qui voit le développement de plusieurs maladies comme le choléra qui pourrait s'accroître avec la multiplication des déplacés. Leurs arrivées pourraient permettre aussi le développement de nouveaux foyers de réfugiés dans d'autres provinces de la RD Congo, frontalières de la Tanzanie, comme le Tanganyika et le Haut-Katanga.
Un autre danger se guette est celui de voir ses probables réfugiés pourraient simplement choisir la voie des armes et gonfler les rangs des groupes armés et principalement ceux des terroristes du M23 soutenus par le Rwanda et qui commettent plusieurs exactions dans cette partie de la RDC.
Cette probable expulsion des réfugiés congolais inquiète d'autant plus que les souvenirs congolais sont encore frais dans les esprits des congolais. En effet, on se souvient du rapatriement forcé des Congolais tour à tour en Angola et Congo-Brazzaville avec leurs lots de violences et de violations des droits de l'homme.
Mettre fin aux cycles des violences
Pour éviter cette catastrophe en perspective, et comme la première raison évoquée par la présidente Tanzanienne est d'ordre financier, il appartient aux organisations régionales et sous-régionales (Union africaine, EAC, etc.) de mettre la main à la pâte afin de venir en aide à la Tanzanie.
En plus, le Haut Commissariat pour les réfugiés devrait de son côté aussi devenir plus rigoureux dans la gestion des réfugiés dans différents pays, mais surtout pour le cas échéant de la Tanzanie qui face aux laxismes dénoncés par le pays de Julius Nyerere, n'aura d'autre choix que de renvoyer ces réfugiés congolais.
De l'autre côté, il appartient au gouvernement congolais de mettre fin aux différentes poches des violences, particulièrement les terroristes du M23 afin de permettre aux différents réfugiés de regagner leur pays sur base de leur propre volonté.
La Tanzanie devra, néanmoins rester ce pays accueillant, d'autant plus que ces réfugiés congolais et burundais n'ont jamais posé des problèmes d'ordre sécuritaire. Ce pays de l'Est de l'Afrique doit aussi intégrer que le retour au pays d'origine se fait sur base de volontariat. Ce signal Tanzanien doit inciter la RDC et ses alliés à mettre fin à cette décision.
David Mukendi
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