La commune rurale de Mangina située dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, est devenue depuis quelques jours un nouveau théâtre des affrontements entre l'armée congolaise et un groupe des jeunes qui se réclament être " Wazalendo ".

Depuis samedi, des accrochages opposent l'armée à ces jeunes en plein centre de l'agglomération. Ces échauffourées ont conduit à la perte des vies humaines parmi les civils et une situation humanitaire dégradante.

Le porte-parole de l'armée dans ce secteur opérationnel a indiqué dans une communication que ces jeunes appartenant à un " mouvement insurrectionnel ", sont entretenus par le député provincial Alain Siwako, recherché par la justice militaire et qui aurait pris fuite vers une destination inconnue.

" Alain Siwako a fui vers une destination inconnue parce qu'il est bien-sûr conscient qu'il est dans le viseur de la justice militaire. Là où il est, Alain doit mettre dans sa tête qu'il sera arrêté ", avait-il fait savoir.

Contacté mercredi 10 janvier par POLITICO.CD, le député incriminé souligne qu'il s'agit d'un acharnement contre sa personne. Il nie avoir recruté des jeunes pour déstabiliser l'agglomération de Mangina. D'après ses allégations, ces " Wazalendo " lui attribués seraient venus de Rutshuru pour se rendre à Mangina dans l'objectif de traquer les terroristes ADF contrairement à l'information relayée par le capitaine Anthony Mwalushayi, porte-parole de l'armée dans la zone.

" Un groupe de Wazalendo venu de Rutshuru qui était en congé à Beni, a fait une descente sur Mangina selon lui pour traquer les ADF dans la brousse. Il y a eu incompréhension entre ce groupe et les FARDC et c'est par après qu'ils ont échangé des coups des balles. Je ne connais rien de cette histoire, allez demander même à Mangina ", a-t-il confessé.

Alain Siwako estime que ces accusations sont d'un individu qui n'engage pas l'armée. " Ce sont des montages qui sont faits par un certain Anthony Mwalushayi, ce n'est pas le premier forfait. Il ne fait que m'accuser faussement. Ça fait deux ans que j'avais demandé sa mutation de Beni parce qu'il était en train de briser le mariage entre les civils et les militaires par sa mauvaise communication sur ce qui se passe dans le territoire de Beni. Je ne suis pas accusé par l'armée, je suis plutôt accusé par un adversaire appelé Anthony Mwalushayi qui ne jure que de porter des choses sur ma tête afin que je sois arrêté et c'est ça son objectif. Je suis en train de compter sur la sagesse des services de sécurité, de ne pas suivre ces fourberies d'un homme qui règle le compte contre un autre et qui veut le mettre dans le cadre de sécurité. Il y a aucun indice qui démontre que j'ai formé un groupe de Maï-Maï, c'est un groupe de Wazalendo venus de Rutshuru. Alain Siwako n'a rien à voir avec ce montage, je suis innocent ", a expliqué ce député provincial.

La société civile a aussi écarté la version de l'armée et déplore la mort de plusieurs jeunes tués innocemment. Selon Muhongozi Vunyatsi, il y avait lieu d'éviter ces morts.

" On venait de dénombrer 6 corps des civils qui ont été tués par les militaires FARDC. Parmi ces civils figure un étudiant de l'IBTP qui était en vacances et qui était au chantier en train de faire le crépissage. Il y a un autre vieux d'une cinquantaine d'années qui a aussi été tué. Les autorités doivent assumer leur responsabilité. Les civils tués sont des personnes bien connus dans la cité, parmi les victimes figure d'ailleurs mon père et un petit frère de la société civile. Quelq'un qui était au chantier en train de faire le crépissage, comment serait-il confondu à un jeune appartenant à un groupe insurrectionnel. La situation humanitaire est aussi chaotique car la population ne résiste plus devant les coups des balles ", a-t-il précisé.

Selon certaines indiscrétions, certains civils ont été ciblés par des éléments FARDC dans leurs maisons pendant que se poursuivaient les affrontements. D'ailleurs le capitaine Anthony Mwalushayi a annoncé l'arrestation de quelques éléments FARDC à la base de la tuerie d'au-moins 6 civils.

Lors de ces mêmes accrochages, quelques éléments FARDC ont aussi perdu la vie. Un jeune d'un groupe de pression a également été arrêté à Mangina avec ses compagnons. Fiston Isambiro est aussi accusé par l'armée d'avoir semé les troubles dans la zone. Cette situation affecte dangereusement la collaboration entre les civils et les militaires.

Les cours sont même séchés depuis le début des affrontements. La commune rurale de Mangina devient de plus en plus invivable à cause de cette cacophonie. Plusieurs élèves ont peur de s'y rendre pour qu'ils ne soient confondus avec les miliciens.

Azarias Mokonzi

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