Les joutes électorales de la présidentielle du 20 décembre ont donné leurs verdicts provisoires depuis le 31 décembre 2023 de la bouche du président de la commission électorale nationale indépendante, Denis Kadima au centre de compilation et publication des résultats dénommé " Bosolo ". 

Au-delà du fait que ces élections présidentielles et ses résultats sont contestés par plusieurs candidats, notamment Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege et tend d'autres. Ces résultats, les seuls en notre possession, nous donnent quand même certaines indications et renseignements sur le jeu politique. 

Ainsi, ces élections du 20 décembre 2023 étaient une première pour plusieurs candidats, spécialement le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege. Occasion pour nous de scruter les causes de la dégringolade électorale du réparateur des femmes. 

Entrée en course tardive 

L'aventure électorale de Denis Mukwege a été marquée par plusieurs mois d'incertitude quant à sa candidature aux élections présidentielles. Depuis le début de l'année 2023, des organisations de la société civile n'ont cessé de l'inciter à postuler, réunissant au passage une cagnotte pour accompagner sa candidature. 

C'est finalement le 2 octobre 2023, soit près d'un mois avant le début de la campagne électorale, que le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege avait annoncé participer à la course à la magistrature suprême. 

" J'accepte d'être votre candidat à la présidence de la République. Nous ne pouvons pas attendre pour agir […] Demain ce sera tard, c'est aujourd'hui, c'est pourquoi je suis prêt et que j'y vais maintenant ", avait dit Denis Mukwege. 

Ce timing choisi par l'initiateur de l'hôpital Panzi pour prendre part à la présidentielle posé quelques questions comme celle relative à la préparation approfondie de la campagne et de la mise en place d'une force politique adéquate permettant d'accéder à la magistrature suprême. 

Une campagne qui n'a jamais décollé 

À peine que la phase de dépôt des candidatures touchée à sa fin. Denis Mukwege recevait un premier uppercut venu du président de la République sortant, Félix Tshisekedi, l'accusant d'être un artisan des questions des genres en RDC. 

" Ils vont vous amener des concepts venus d'ailleurs. On a entendu certains parler de la notion du genre, en République démocratique du Congo, nous n'avons pas de problème d'orientation sexuelle ", avait déclaré Félix Tshisekedi. 

Ce premier K.O verbal adressé au prix Nobel de la paix n'était que le prélude d'une campagne électorale qui n'a jamais décollé à travers la République, marquée par une absence d'une campagne sérielle comme les candidats Katumbi et Mukwege. 

Denis Mukwege n'a sillonné que quelques villes comme Kinshasa, Kisangani, Bukavu, avec un succès mitigé qui s'est ensuite traduit dans les urnes avec moins d'un % obtenu, soit 0, 22%. 

Absence d'une machine politique 

Certes porté par plusieurs organisations de la société civile, le candidat Denis Mukwege n'a pas réussi à mettre en place une véritable organisation politique structurée et présente sur le terrain afin de porter valablement sa candidature. 

Ainsi, même les circonscriptions qui devraient être naturellement favorables à sa personne n'ont pas été remportées par lui. À titre indicatif, le prix Nobel de la paix n'arrive que 3e dans la ville de Bukavu avec 5% et réalise seulement 2% dans la province du Nord-Kivu. 

Un prix Nobel de la paix peut gagner une élection présidentielle, mais le Nobel n'est pas un gage de réussite. Il faut pour cela s'entourer d'une véritable machine politique, comme le parti " Solidarnosc ", qui avait conduit le prix Nobel de la paix, 1983, Lech WaÅ‚Ä™sa, au pouvoir en 1990 en Pologne. 

Au final, prix Nobel ou pas, remporter les élections et devenir président de la république requiert un travail de fond, qui va de l'annonce de la candidature à la campagne électorale. Ainsi, le Nobel n'est pas un gage de réussite dans la course au pouvoir, mais dépend essentiellement d'une stratégie électorale efficace et d'une préparation conséquente. Cela aurait pu éviter ce naufrage électoral à Denis Mukwege avec seulement 0,22%. 

David Mukendi

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