L'invalidation par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de 82 candidats aux législatives nationales et provinciales pour fraude électorale et bourrage des urnes fait grincer des dents du côté de l'opposition. Celle-ci crie à la complicité entre la CENI et la majorité présidentielle du chef de l'État Félix Tshisekedi.

Dans une déclaration commune samedi 06 janvier, quelques candidats à la présidentielle dont Martin Fayulu, Floribert Anzuluni ou encore Moïse Katumbi ont dénoncé le fait que, seuls les résultats des législatives aient été invalidés, et non ceux de la présidentielle qui se sont déroulés simultanément. Ils y voient une manœuvre de la CENI pour favoriser le camp du président sortant.

" La simple analyse de la liste de 82 sacrifiés démontre que la fraude s'est disséminée sur toute l'étendue du territoire national. Ceci implique, en réalité, qu'elle a des dimensions beaucoup plus graves surtout, lorsque l'on constate que les bénéficiaires de machines à voter sont tous globalement de la famille politique de Monsieur Tshisekedi et ont des statuts étatiques : ministres, sénateurs, gouverneurs, députés, bourgmestres, etc.
Par quelle magie, dans une élection combinée avec un seul bulletin, la CENI peut nous expliquer que seules les législatives ont été corrompues et pas la présidentielle ? ", a fait savoir l'opposition à travers une déclaration lue par Martin Fayulu.

Pour l'opposition, le simple fait que 82 candidats aux élections législatives nationales et provinciales aient été invalidés atteste d'une certaine collusion entre la famille politique de Félix Tshisekedi, les organes de l'État et la CENI. Ces derniers sont pourtant censés être neutres et indépendants pendant le scrutin.

" Ceci atteste de la complicité entre la famille politique de Monsieur Félix Tshisekedi, les organes de l'Etat et la CENI. Raison pour laquelle la CENI est toujours dans l'incapacité de répondre à des questions aussi fondamentales que le nombre de bureaux de vote qui ont effectivement ouvert, le nombre de machines à voter réellement déployées, le nombre de bulletins des votes imprimés et aussi le nombre des machines à voter qui ont été mises à la disposition de la famille politique de Félix Tshisekedi pour orchestrer la fraude que nous décrions ", ajoutent ces opposants.

Ce faisant, l'opposition demande l'annulation de l'ensemble du scrutin du 20 décembre et la saisine de la justice contre les responsables de la CENI. Elle a appelé la population à " entrer en résistance face à cette fraude avérée ".

" Nous réitérons notre exigence de l'annulation totale du simulacre d'élections du 20 décembre 2023 à tous les niveaux et la mise immédiate à la disposition de la justice de Monsieur KADIMA, des membres de la CENI, de leurs complices et de tous les autres acteurs de la fraude électorale […]Dès maintenant, nous réitérons notre appel à notre peuple, conformément à l'article 64 de la constitution, d'entrer en résistance pour faire échec à cette fraude avérée qui ne passera jamais ", martèle l'opposition.

82 députés invalidés pour fraudes

La CENI avait publié les résultats préliminaires de son enquête sur les allégations de fraudes électorales lors des scrutins du 20 décembre dernier. Patricia Nseya, rapporteure de la CENI a annoncé vendredi 5 janvier, l'invalidation de 82 candidatures aux élections législatives pour des motifs variés.

Les investigations menées auraient permis d'établir que ces candidats s'étaient rendus coupables de fraude, corruption, détention illégale de matériel électoral ou encore intimidation d'agents de vote. La CENI les accuse des actes visant à fausser le bon déroulement du vote dans certaines circonscriptions à travers le pays.

Il s'agit d'une des toutes premières décisions de la CENI dans la foulée des élections générales du 20 décembre, émaillées d'accusations de fraudes de part et d'autre.

Cette annonce intervient alors que les résultats provisoires ne sont toujours pas publiés dans leur intégralité. Certains observateurs s'interrogent sur la suite que donnera la CENI à ces révélations et aux implications qu'elles pourraient avoir sur la régularité du scrutin législatif.

Ézechiel T. Mampuya

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Source : https://www.politico.cd/encontinu/2024/01/07/rdc-la-ceni-appelee-a-sexpliquer-sur-le-fait-que-seules-les-legislatives-ont-ete-corrompues-et-non-la-presidentielle.html/153140/