Le vice-Premier ministre de l'Intérieur, Peter Kazadi opère un revirement inattendu concernant la suspension de quatre gouverneurs des provinces de Kinshasa, de la Mongala, de l'Équateur, du Kasaï-central et de Tshuapa.
Dans une volte-face politique inattendue, le ministre de l'Intérieur vient d'autoriser Bobo Boloko, César Limbaya, Gentiny Ngobila et Pancrace Boongo Nkoy, respectivement gouverneurs de la province de l'Equateur, de la Mongala, de Kinshasa et de la Tshuapa à reprendre leurs fonctions provinciales.
A travers ce télégramme officiel, le patron de la territoriale justifie cette décision par les recours administratifs et les requêtes déposées par les intéressés devant la Cour constitutionnelle.
" Faisant suite à vos recours administratifs et requêtes devant la Cour constitutionnelle, vous êtes autorisés à reprendre vos fonctions dans vos provinces respectives, et ce, en attendant les décisions judiciaires. En vue de préserver la tranquillité et la paix sociale, vous devez observer les attitudes de réserve, ne pas faire obstruction à la procédure judiciaire en cours. Ceci vaut permanente instruction ", peut-on lire dans ce document.
Les gouverneurs sont néanmoins priés d'adopter des attitudes de réserve et de ne pas perturber la procédure judiciaire en cours. Cette importante modification de la position gouvernementale surprend alors que des accusations graves pesaient sur les individus concernés.
La décision de les suspendre de leurs fonctions faisait suite à leur invalidation par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lors des élections territoriales de novembre dernier. Ces gouverneurs sont jusque-là accusés d'actes répréhensibles liés au scrutin du 20 décembre, comme " la fraude électorale, le vandalisme de matériel électoral ou encore la corruption ".
Dans un message adressé jeudi 11 janvier à ces responsables provinciaux par le vice-ministre de l'Intérieur, Jean-Claude Molipe, cette mesure a été également motivée par la nécessité de maintenir le bon fonctionnement de l'administration provinciale en attendant l'organisation des élections pour les nouveaux animateurs dans leurs entités respectives. Ceci dans le but d'éviter toute perturbation dans l'administration et le fonctionnement des provinces concernées. À cette occasion, ce sont leurs adjoints qui avaient pris les rênes.
"Tirant les conséquences de la décision de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en rapport avec les irrégularités enregistrées lors du scrutin, dès réception du présent message en attendant l'organisation des élections pour les nouveaux animateurs dans vos entités respectives, l'intérim devoir être assuré par vos vice-gouverneurs jusqu'à nouvel ordre pour ne pas gêner l'administration et le fonctionnement de vos entités", précisait ce télégramme portant le stigmate du vice-ministre de l'Intérieur Jean-Claude Molipe.
Je suis aimé par les Kinois
Gentiny Ngobila continue de nier les accusations portées à son encontre, lesquelles ont conduit à sa suspension du poste de gouverneur de Kinshasa. Récemment, il a adressé une correspondance au ministre de l'Intérieur, Peter Kazadi. Ce dernier réfute une fois de plus les allégations de fraude électorale, de vandalisme de matériel de vote et de détention illégale d'équipement électoral.
" Je n'ai jamais organisé une fraude, car je suis aimé par la population de la ville de Kinshasa en générale et celle de la circonscription de la Funa en particulier. En ma qualité de gouverneur de province, comment aurais-je vandalisé les matériels de la CENI alors que je suis dans l'obligation de les protéger et apporter à la dite CENI mon soutien sur le plan sécuritaire ", a-t-il déclaré dans cette correspondance.
Selon Ngobila, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne dispose d'aucun élément tangible étayant ces accusations. En tant que gouverneur, il insiste sur son obligation de protéger les opérations de vote. Il affirme également qu'il n'aurait pu se voir remettre le dispositif électoral qu'on l'accuse de détenir illégalement.
Le gouverneur désormais rétabli, dénonçait un " combat politique " mené contre lui par des personnes s'opposant au développement de Kinshasa. Il a sollicité l'annulation de sa mise à l'écart, intervenue en janvier dernier après la levée de son immunité par l'Assemblée provinciale et sa révocation par le ministre.
Malgré sa destitution, Ngobila avait maintenu sa défense et nié les faits pour lesquels il a été suspendu.
- Ngobila déterminé à récupérer ses voix à la Cour constitutionnelle
Radié de la liste des candidats députés par la CENI en raison de soupçons de fraude, Gentiny Ngobila compte contester cette décision devant la Cour constitutionnelle.
Lors d'une réunion avec ses proches collaborateurs, Gentiny Ngobila le 16 janvier dernier , il a affirmé sa détermination à récupérer les voix qui lui ont été retirées " délibérément ". Selon ses propos, le Président de la République lui aurait demandé de saisir la Cour constitutionnelle.
Son parti politique, l'Alliance pour le Congo et le Peuple (ACP), dénonce pour sa part la " marginalisation et l'injustice " dans les résultats provisoires annoncés dans plusieurs circonscriptions où l'ancrage de l'ACP était selon lui, irréfutable.
L'ACP demande à la CENI de proclamer les candidats réellement élus conformément aux souhaits de l'Union sacrée au pouvoir.
Ézéchiel T. Mampuya
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