Cette adhésion, annoncée lors de la 13ème Conférence ministérielle de l'OMC qui se tient aux Émirats arabes unis du 26 au 29 février 2024, signale un engagement profond du Rwanda à contribuer à la préservation des écosystèmes aquatiques à l'échelle mondiale.

Jean-Chrysostome Ngabitsinze, ministre du Commerce et de l'Industrie du Rwanda, a souligné l'importance de cet accord, le qualifiant de jalon crucial pour assurer la durabilité des stocks de poissons et combattre efficacement la pêche INN. Il a mis en exergue le danger que représente la pêche illégale et la surpêche, avec des dépenses mondiales atteignant 24 milliards de dollars dans ce domaine, mettant en péril non seulement la biodiversité marine mais également les moyens de subsistance de millions de communautés de pêcheurs à travers le monde.

L'accord, fruit de plus de deux décennies de négociations au sein de l'OMC, s'attaque aux racines du problème en interdisant les subventions qui encouragent la pêche INN, l'exploitation excessive des stocks de poissons et les activités de pêche non réglementées en haute mer. Il stipule également que les membres de l'OMC ne doivent fournir aucun soutien aux navires ou opérateurs impliqués dans la pêche INN, marquant une étape significative vers la responsabilisation et la régulation du secteur de la pêche.

En outre, l'accord prévoit une assistance technique et un renforcement des capacités pour les pays en développement, y compris les pays les moins avancés, afin de faciliter la mise en œuvre de ses directives.

Un mécanisme de financement volontaire, établi en coopération avec des organisations internationales telles que la FAO et le Fonds international de développement agricole, viendra appuyer ces efforts, soulignant l'importance de la solidarité internationale dans la préservation des ressources marines.

Le ministre Ngabitsinze a également rappelé l'engagement du Rwanda à ne pas tolérer la pêche illégale au niveau national, soulignant l'importance de cet accord non seulement pour la protection des écosystèmes marins globaux mais aussi pour garantir la légalité et la durabilité des importations de poisson dans le pays. En ratifiant cet accord, le Rwanda affirme sa volonté de participer activement à l'effort collectif mondial pour une exploitation plus responsable et durable des ressources halieutiques, pour le bien-être des générations actuelles et futures.

Dans une lutte sans précédent contre la pêche illégale, le Rwanda a saisi plus de 30 000 filets de pêche illicites et environ 3 000 bateaux sur le lac Kivu au cours des trois dernières années, témoignant d'une détermination ferme à préserver ses ressources aquatiques. Cette opération d'envergure, déployée dans les districts de Rubavu, Rutsiro, Karongi, Nyamasheke et Rusizi, reflète l'engagement du pays à combattre les pratiques de pêche nuisibles et à promouvoir une exploitation durable de ses eaux intérieures.

Selon des données fournies par le Conseil rwandais de développement des ressources agricoles et animales (RAB), l'année 2021/22 a été particulièrement fructueuse, avec la confiscation de 13 449 filets de pêche illégaux, connus sous le nom de " kaningini ", 1 821 moustiquaires détournées de leur usage initial, 1 252 bateaux, et l'arrestation de 232 individus pour braconnage.

L'année précédente, 2020/21, avait déjà vu la saisie de 5 667 filets "kaningini" et 857 moustiquaires, tandis que l'année 2019/2020 avait enregistré 8 934 filets illégaux et 2 022 moustiquaires, en plus de 1 344 bateaux.

Le lac Kivu se distingue comme un pilier central de la pêche rwandaise, représentant 70% de la production piscicole nationale. Cette ressource vitale a connu une légère augmentation de sa productivité, avec une production passant de 41 664 tonnes en 2021 à 43 560 tonnes en 2022, d'après le ministère de l'Agriculture et des Ressources animales. La pêche rwandaise s'étend sur 17 lacs et quatre rivières, répartis dans 15 districts, formant un secteur crucial pour l'économie et l'alimentation de la population.

Les autorités ont intensifié la surveillance du lac Kivu, avec pour objectif de circonscrire les activités illicites tout en orientant les coopératives de pêche vers des pratiques durables. Cette initiative a porté ses fruits en 2022, où plus de 11 000 filets illégaux ont été découverts, signalant ainsi une vigilance accrue et une répression efficace contre les infractions environnementales.

Le Rwanda a rejoint un accord mondial pour la lutte mondiale contre la pêche illégale

Ange Carolle Kouassi



Source : https://fr.igihe.com/Le-Rwanda-a-rejoint-un-accord-mondial-pour-la-lutte-mondiale-contre-la-peche.html