Dans sa déclaration à l'occasion de la célébration de la journée internationale de la femme, ce vendredi 08 mars 2024, le docteur Denis Mukwege, candidat à la dernière élection présidentielle, a expliqué que cette journée en RDC est observée comme un jour de deuil, suite à l'escalade des violences dans la partie Est du pays.

Selon le récipiendaire du Prix Nobel de la Paix 2018, malgré la guerre d'agression et les atrocités commises par l'armée et les forces d'occupation du M23, " qui aggrave une situation sécuritaire et humanitaire déjà dramatique ", la crise en RDC reste largement oubliée et négligée, malgré les sept millions de personnes contraintes à se déplacer.

" La majorité de ceux qui sont contraints de fuir la violence armée sont des femmes et des enfants, qui survivent dans des conditions subhumaines dans des camps régulièrement ciblés par les belligérants. En outre, la situation précaire des femmes dans les camps de personnes déplacées les expose à la violence sexuelle, et l'ONG Médecins Sans Frontières reçoit environ 60 femmes victimes d'agression sexuelle chaque jour dans des camps autour de Goma, la capitale du Nord-Kivu ", peut-on lire dans ce document consulté par POLITICO.CD.

Poursuivant ses propos, Denis Mukwege a expliqué que ces chiffres, " qui ne sont que la partie émergée de l'iceberg ", sont plus que de simples statistiques, car ils sont un sinistre rappel d'une tragédie humanitaire qui dure depuis trois décennies, et illustrent le besoin urgent d'une approche sensible au genre de l'aide humanitaire et de la résolution des conflits.

" C'est dans cette région martyrisée du Kivu que nous poursuivons notre mission de soins aux femmes victimes de violence sexuelle, et chaque jour à l'hôpital et à la Fondation Panzi, nous assistons à l'impact destructeur du viol et de la violence sexuelle utilisés comme méthode de guerre, et nous nous consacrons aux soins holistiques de nos patients et à la défense de leurs droits […] Les femmes et les filles que nous aidons ne sont pas définies par la violence qu'elles ont subie, mais par leur force et leur courage inébranlables ", a-t-il renchéri, tout en insistant sur le fait que leur bravoure alimente des efforts de plaidoyer pour " briser le cercle vicieux de la violence et de l'impunité ".

Le lauréat du Prix Sakharov 2014 a affirmé qu'il est grand temps pour que tout le monde se mobilise pour inverser la tendance. Estimant que le pays se trouve à " un moment critique ", après des décennies de progrès durement gagnés en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, le fondateur de l'hôpital de Panzi a expliqué qu'on ne peut pas rester indifférent face à la tendance " régressive " observée dans le monde entier.

" Avec seulement six ans pour atteindre les objectifs de développement durable, il est devenu clair que l'égalité des sexes ne sera pas atteinte d'ici 2030 ", a-t-il regretté.

En outre, Denis Mukwege a lancé un appel de mobilisation d'une réelle volonté politique et des ressources substantielles pour renforcer l'efficacité des normes internationales, augmenter considérablement le financement de l'aide consacré à l'égalité des sexes et à la lutte contre la violence sexuelle et sexiste, et améliorer la représentation et la participation significative des femmes à tous les niveaux de la prise de décision.

Monge Junior Diama

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