Cette information a été révélée lors d'une conférence de presse tenue lundi 11 mars. Cette dernière s'est déroulée en présence du Procureur général du Mécanisme international appelé à intervenir lors des crimes, Serge Brammertz, également en visite officielle au Rwanda. Ils ont eu une réunion tripartite avec le procureur général rwandais pour discuter de la coopération dans l'enquête et la poursuite des suspects de génocide et de crimes contre l'humanité résidant en France.

Il a mis en avant la continuité des actions judiciaires menées par la France cette année contre les suspects du génocide contre les Tutsi.

" Les chiffres, tout petit, moins 40 dossiers actuellement ouverts, 40 enquêtes qui concernent les faits du génocide commis contre les Tutsi en 1994. Certains de ces dossiers sont quasi-clôturés sur lesquels nous pourrions nous permettre de jugements, et d'autres sont en pleine investigations ", a-t-il déclaré.

Il a affirmé que la coopération avec le parquet général du Rwanda est solide depuis plusieurs années. Cette collaboration a permis l'exécution de multiples demandes d'entraide internationale, contribuant ainsi à l'avancement des enquêtes de manière efficace. Il a également noté que cette collaboration est aujourd'hui renforcée par le travail du mécanisme, ce qui permet d'opérer dans une véritable synergie entre les différents acteurs pour partager des analyses, collecter des éléments d'information et de preuves, dans le but ultime de parvenir à des jugements.

" Il faut savoir qu'à deux ou trois reprises chaque année plusieurs membres de l'équipe du parquet antiterroristes français, aussi en charge de crime contre l'humanité, se rendent au Rwanda en lien avec monsieur le procureur général du Rwanda pour participer à des enquêtes pour mener ces dossiers. C'est d'ailleurs que depuis plusieurs années il y a un énorme travail qui est mené pour pouvoir réaliser ces jugements "

Ricard a expliqué que des enquêtes approfondies sont nécessaires pour réunir suffisamment d'éléments dans la préparation de ces dossiers. Il a souligné que ces affaires sont très complexes, ce qui rend indispensable la collecte minutieuse d'informations et de preuves.

" Tous les pays c'est la même manière, que l'on se trouve au Rwanda, en France ou dans n'importe quel continent, il faut préparer un dossier, parce qu'il y a des dossiers qui sont extrêmement compliqués, qui sont difficiles, il faut réunir les témoignages, il faut ensuite que les témoins viennent devant la cour pour présenter leurs témoignages, tout ça, c'est compliqué à mettre en place, ça ne se fait pas du jour au lendemain. "

Ricard a également souligné que c'est un devoir pour la justice hexagonale de poursuivre ces individus, déclarant : "Nous devons le faire, c'est un impératif."

"La France va poursuivre ses efforts cette année encore, car plusieurs dossiers de génocidaires sont déjà en cours, et la France continuera à juger."

Serge Brammertz a rappelé les défis liés au temps écoulé depuis les événements de 1994, mettant en avant la nécessité d'agir rapidement compte tenu de la disparition des auteurs, des victimes et des survivants.Il a abordé la récente situation liée à Kabuga. À moins d'un mois de la 30e commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi, Brammertz a souligné les conséquences de l'écoulement du temps sur la qualité des preuves et des témoignages.

"Il y a 30 ans, lors d'autres réunions, nous avons déjà constaté que ce qui s'est produit dans le dossier Kabuga pourrait également se produire dans d'autres affaires", a-t-il déclaré.

Il a ajouté : "Les auteurs ne rajeunissent pas, malheureusement, les victimes et les survivants disparaissent également. Nous avons donc une opportunité maintenant, pour les années à venir, de mener à bien d'autres dossiers."

Les discussions entre le procureur francais Jean-François Ricard, le procureur général du Rwanda, Havugiyaremye Aimable, et le procureur Serge Brammertz du TPIR ont abouti à un accord pour continuer à partager des preuves sur les dossiers de divers individus soupçonnés de crimes de génocide afin d'augmenter le nombre de poursuites, mais aussi de garantir des dossiers contenant des preuves suffisantes.

La France affirme qu'elle déploie tous les efforts nécessaires pour traduire en justice toute personne soupçonnée de crimes de génocide perpétré contre les Tutsi résidant sur son territoire.

Jusqu'à présent, le parquet rwandais a émis 1 149 mandats d'arrêt contre des suspects de génocide dans différents pays.

La Cour d'Assises de Paris, au cœur de la lutte contre l'impunité : Jugement en cours pour les fugitifs rwandais accusés de crimes de génocide perpétré contre les Tutsi en 1994

Franck_Espoir Ndizeye



Source : https://fr.igihe.com/France-enquete-sur-40-suspects-du-genocide-perpetre-contre-les-Tutsi-au-Rwanda.html