Dans sa correspondance, Firmin Mvonde, le procureur général, accuse le cardinal Ambongo de tenir "des propos séditieux de nature à décourager les militaires au front" et de lancer "des incitations aux populations à la révolte contre les institutions établies".

Il l'accuse également d'avoir décliné une invitation à s'expliquer sur ces faits le 25 avril dernier.

Ces poursuites judiciaires font suite aux critiques répétées du cardinal à l'encontre de la gestion du conflit dans l'est de la RDC par le gouvernement de Kinshasa.

Ambongo a notamment dénoncé la coopération présumée des forces armées avec les FDLR et le groupe armé Wazalendo, responsables selon lui de l'insécurité persistante à Goma.

Cette décision de la justice divise l'opinion en RDC. Pour l'opposant Martin Fayulu, elle relève de la "mascarade" visant à "faire taire toute voix discordante".

De son côté, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, y voit un signe d'"instrumentalisation de la justice" et d'"impuissance d'un régime incapable de gouverner et de ramener la paix".

Dans une déclaration percutante, Moïse Katumbi, figure politique en République Démocratique du Congo, critique vivement le gouvernement congolais pour sa tentative de restreindre la voix d'un leader ecclésiastique éminent, le cardinal Ambongo, archevêque de Kinshasa.

Katumbi a affirmé que la liberté d'expression, protégée par la loi nationale et les conventions internationales, est essentielle pour la démocratie.

Il a souligné que le cardinal Ambongo représente une voix importante pour les Congolais de l'est du pays, confrontés à des défis urgents et à des conflits persistants.

Katumbi a rappelé que dans l'histoire récente de la RD Congo, des figures ecclésiastiques telles que Joseph Malula et Laurent Monsengwo ont joué un rôle crucial dans la défense des droits et de la justice, et que le gouvernement devrait permettre au cardinal Ambongo de continuer son travail sans entraves.

Prenant la parole lors d'une cérémonie de Pâques à Kinshasa le 30 mars 2024, le cardinal Ambongo a exhorté les fidèles de l'est de la RDC à persévérer malgré les défis sécuritaires, soulignant que leur pays manquait d'une armée capable de les protéger.

Il a également évoqué la montée de groupes armés tels que le M23, affirmant que leur existence remettait en question l'unité nationale et mettait en danger la population.

Le cardinal Ambongo a également abordé la question de la sécurité à Goma en mars 2024, dénonçant la présence continue de groupes armés soutenus par le gouvernement, tels que les milices Wazalendo et FDLR.

Il a déploré le fait que ces groupes utilisent la violence et l'exploitation économique pour opprimer les habitants et a appelé le gouvernement à mettre fin à son soutien à ces forces destructrices.

D'autres citoyens estiment cependant que le cardinal a franchi une ligne rouge en critiquant ouvertement les forces armées en période de conflit, justifiant des poursuites judiciaires. Une nouvelle étape est en tout cas franchie dans le bras de fer entre le régime et l'Église catholique, très influente en RDC.

Fayulu a montré que le cardinal Ambongo ne doit pas craindre de dire la vérité, beaucoup de Congolais le soutiennent.
Le cardinal Ambongo a déclaré que l'armée de la RDC n'était pas en mesure de protéger le pays.

Bazikarev



Source : https://fr.igihe.com/Le-cardinal-Fridolin-Ambongo-dans-le-viseur-de-la-justice-congolaise.html