L'attaque de Bugendana n'était pas un acte isolé, mais faisait partie d'une série de violences attribuées au CNDD-FDD durant les années de conflit civil au Burundi.
Cette attaque s'est abattu sur un site de déplacé situé dans la commune de Bugendana situé dans la province de Gitega. Le site était principalement composé de Tutsi qui avaient fui les violences ethniques exacerbées par le massacre des Tutsi dans plusieurs localités du Burundi.
Ces massacres avaient éclaté suite à l'assassinat du président Melchior Ndadaye et d'autres membres de son gouvernement.
Le site de Bugendana était devenu un refuge pour ceux qui avaient été déplacés par les violences, espérant y trouver sécurité et protection.
Après l'attaque du 21 Juillet 1996, les Nations Unies avaient qualifié les actions du groupe de "génocide et a souligné la brutalité et la systématicité des attaques contre les populations civiles tutsi.
Selon des témoignages recueillis à l'époque et des rapports d'organisations internationales, des combattants rwandais étaient parmi les assaillants lors du massacre.
Un reporter de la Radio France International(RFI), présent sur les lieux peu après la tragédie, avait documenté l'horreur de la scène : corps mutilés et des survivants traumatisés, peinant à comprendre la rapidité et la brutalité de l'attaque. "Parmi les assaillants, il y avait également des Rwandais, ce qui complique encore la compréhension de ce drame", rapportait-il.
Pour comprendre, rappelons que le Rwanda venait de sortir d'un génocide contre les Tutsi de 1994. La majorité des génocidaires (Milice du gouvernement de Havyarimana et les militaires des forces armées rwandaises(EX-FAR) s'étaient réfugiés au Zaïre, l'actuel République Démocratique du Congo(RDC), tandis qu'une autre partie s'était joint aux rebelles du CNDD FDD.
Deux mois après, 9 septembre 1996, Monseigneur Joachim Ruhuna, archevêque de Gitega et fervent défenseur de la paix au Burundi, a été tragiquement assassiné.
Cet assassinat a eu lieu alors que Monseigneur Ruhuna se rendait dans une paroisse rurale près de Gitega. Il a été tué par des hommes armés, dans une attaque qui a également coûté la vie à deux de ses accompagnateurs.
Ce meurtre faisait suite à un discours courageux, lors de l'enterrement des victimes des massacres contre les déplacés tutsi du site de Bugendana où il avait ouvertement désigné et condamné les auteurs.
Dans ce discours, il avait comparé les assaillants à Caïn, le premier meurtrier de l'histoire selon la Bible, prédisant qu'ils finiront dans l'errance sans repos comme lui pour avoir versé le sang de leurs frères innocents.
Aujourd'hui, alors que le CNDD-FDD est au pouvoir au Burundi, des accusations similaires de violations des droits de l'homme continuent d'être rapportées, tant au Burundi qu'au Nord-Kivu ce qui renforce les craintes d'une persistance des logiques de violence amplifié par la propagation des messages de haine.
L'anniversaire du massacre de Bugendana est commémoré dans un contexte de mémoire et de revendication de justice. Les familles des victimes, les organisations de la société civile et les observateurs internationaux appellent à une réflexion approfondie sur les leçons de ce passé douloureux et sur les mesures nécessaires pour prévenir la répétition de tels actes.
À ce jour, la demande de justice pour les victimes du massacre de Bugendana reste un sujet sensible et un rappel que la route vers la paix est souvent longue et semée d'embûches. La mémoire de ce tragique événement continue de hanter la région et exige la reconnaissance et responsabilité pour les atrocités commises.
Bazikarev
Source : https://fr.igihe.com/Commemoration-des-28-ans-du-massacre-de-Bugendana-le-role-trouble-des.html
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