Plus le temps passe, plus le monde entier se rend compte que le concept démocratique tel qu'il est savamment défini et voulu par l'occident ne peut jamais être universel. Le dérapage des valeurs qui jadis incarnaient cette démocratie dans les sociétés occidentales, nous prouve à suffisance qu'il est temps que les donneurs de leçons commencent à diluer leur langage.
La décadence des valeurs sociales et humaines dans le monde et en particulier dans sa partie occidentale devrait pousser les gendarmes du monde autoproclamés à se regarder d'abord dans le miroir avant de s'en prendre aux pays économiquement faibles auxquels ils veulent imposer le modèle de vie.
Le déclin de leadership dans les pays les plus puissants a sérieusement mis à nu leurs limites quant à la capacité de continuer à dominer le monde. Les pays anciennement appelés " non alignés " qui en réalité étaient aveuglement bien alignés, se trouvent aujourd'hui dans l'embarras de continuer à être derrière des parrains qui prêchent exactement le contraire de ce qu'ils font ! Actuellement, force est de constater qu'il n'y a plus de pays modèle capable de rassembler les valeurs intrinsèques de bonne gouvernance qui sous-tendent l'intégrité humaine.
Nous sommes en train d'assister à un conflit de valeurs qui pousse certains pays à se constituer en agglomérat d'" États rebelles " puisqu'ils ne se retrouvent plus dans la peau de leurs alliés d'hier. D'autres qui se proclament grands et seuls dépositaires de la démocratie athénienne se bousculent dans la précipitation à faire et défaire les institutions étatiques pour tenter de se maintenir au pouvoir. Ce qui se passe actuellement en France est une bonne démonstration qui prouve que même les alliances qui autrefois étaient considérées comme étant contre-nature sont permises, pourvu qu'elles fassent barrage à quelqu'un d'autre ! Au niveau des États, même ceux qui étaient qualifiés de " lépreux " hier, comme l'Iran et la Corée du Nord, exclus de tous les grands salons mondiaux, aujourd'hui sont courtisés de partout pour former un bloc.
En occident les élections qui ont toujours été considérées comme le véritable baromètre de la démocratie sont aujourd'hui hypothétiques et le phénomène semble être partout le même sans exception : les centristes qui se faisaient passer pour des modérés sont en train de s'effriter en faveur des extrémistes de tout bord. Les taux d'abstention et les votes par procuration sont en vogue, les champions de la démocratie ne votent plus pour choisir mais plutôt pour bloquer. Un véritable " vote par défaut " !
Au pays de l'oncle Sam, ils ne cessent de nous étonner par leur capacité inégalée d'innovation : ils viennent d'avoir pour la première fois dans leur histoire un ex-président et probable futur président reconnu coupable d'accusations criminelles ! Comme si cela n'était pas assez, au cours du même trimestre un autre événement inédit a secoué la première puissance mondiale qui a appris que le fils du président en exercice était également reconnu coupable. Pour ce deuxième procès on peut parler d'un cas malheureux d'ironie du sort : comment peut-on oser déclarer coupable de détention illégale d'arme à feu quand l'accusé répond au nom de Hunter ! De surcroît dans un pays où l'on compte 120 fusils sur 100 personnes et qui détient le record mondial de fusillade de masse. Les juges auraient dû se rappeler qu'un " hunter " sans armes n'est plus Hunter !
Aux États-Unis, les élections présidentielles 2024 s'annoncent houleuses dans la mesure où cette crise de valeurs et de leadership a forcé les deux principales formations politiques, Démocrates et Républicains à rester campées derrière leurs candidats respectifs quelles que soient les faiblesses réelles et flagrantes relevées dans un camp comme dans un autre : d'un côté un candidat président dont le casier judiciaire chargé pèse lourd sur ses épaules et puis de l'autre un candidat à sa propre succession titubant physiquement, mentalement et verbalement, et enfin tous les deux au bord de la démence. Voilà le portrait présidentiel que la première puissance mondiale a de meilleur à présenter à son électorat. Si rien ne change et que les deux s'entêtent pour maintenir le statu quo, un bon matin de novembre 2024 le monde entier risque de se réveiller avec un président qui se sera trompé de porte : la prestigieuse Maison Blanche sera habitée par quelqu'un qui devrait se trouver soit en prison soit dans la maison de soins de longue durée ! Mais là n'est pas vraiment le problème car les Américains sont libres de faire le choix qui leur convient. Ce qui est très embarrassant c'est que c'est ce président de la 1re puissance mondiale, lui-même entaché, qui viendra dicter, enseigner voire sanctionner / châtier le reste du monde au nom de la " vraie démocratie " !
Les organisations non gouvernementales qui auparavant prêchaient la neutralité n'échappent pas non plus au trafic d'influence. Les normes déontologiques et l'éthique professionnelle sont quotidiennement foulées au pied pour faire plaisir à leurs bailleurs de fonds. Les rapports incriminant les pays qui sont dans leur mire sont longtemps rédigés à l'avance selon la volonté des commanditaires. En vue de sonder l'opinion et intimider les pays visés, ces rapports de nature souvent tendancieuse ont le dénominateur commun de " fuiter " avant la sortie officielle !
Même le journalisme, ce beau métier qu'on appelait respectueusement " le quatrième pouvoir " n'est pas resté à l'abri, il s'est laissé embarquer dans cette guerre d'influence pour faire plaisir au " Grand Manitou ". Le monde entier a été pris à témoin récemment quand une clique de journalistes mondialement connus s'est rabaissée en s'en prenant acharnement avec des coups bas au pauvre petit pays, le Rwanda qui ne fait que se relever de son abîme. Compte tenu du temps et des moyens financiers injectés dans ce projet destructeur, il y a moyen de se demander s'il n'y a pas d'anguille sous roche.
La plupart de gens se demandent le pourquoi de cette animosité sur un pays africain enclavé qui n'est connu que par le génocide. Les connaisseurs qui ont suivi de près ce pays pendant les 30 dernières années vous diront pourtant que ce pays-mystère sorti de ses cendres force l'estime des uns et suscite la curiosité chez les autres.
D'autres s'interrogent comment ce petit pays sans ressources pétrolières a réussi à se faire parler dans les " grands corridors " mondiaux jusqu' à rassembler une imposante bande de journalistes-complotistes qui ont mobilisé les grands moyens pour bâtir un arsenal dirigé contre le Rwanda. 50 tireurs d'élite assis sur un char ayant 17 canons téléguidés par 11 instructeurs, voilà le peloton de choc qui a décidé de lancer des tirs croisés sur un petit pays dont le seul péché est qu'il est difficilement contrôlable et tente de se remettre debout en utilisant ses propres méthodes non conventionnelles !
Le plan était machiavéliquement bien conçu. Cependant, le résultat n'était pas proportionnel au capital investi car la montagne a accouché d'une souris ! En effet, les obus lancés étaient tous recyclés, plusieurs fois pour la plupart ! Le Rwanda y était donc bien préparé, absolument rien de nouveau, les anti-missiles étaient encore en place qui ont facilement amorti le choc. Ces assaillants complotistes, dans leur campagne d'intimidation, ont promis de lancer des attaques sporadiques en série, mais encore une fois ils vont se heurter à un Rwanda imperméable qui a touché le fond de l'enfer en 1994 et qui ne se laisse plus distraire par les marionnettes.
Pourquoi comploter contre le Rwanda :
Au départ, avant même de prendre le pouvoir, le Front Patriotique Rwandais (FPR) et sa branche armée munis de moyens et équipements très limités ont réussi à arrêter le génocide au moment où les forces onusiennes prenaient le large. Cette victoire imprédictible des rebelles qui a défié tous les pronostics des occidentaux a suscité un malaise et un sentiment de frustration chez ces derniers. Déjà en 1994, le FPR venait de se rendre coupable en réalisant cet exploit spectaculaire sans l'assistance ni l'aval de la communauté internationale. C'était mal parti, le contentieux était inévitable. Voici donc ce qui sera le premier péché mignon du FPR qui risque de le poursuivre éternellement mais qu'il n'est pas prêt à confesser.
Arrivé au pouvoir au Rwanda, le FPR a changé radicalement la physionomie de l'espace socio-politico-économique intérieur et extérieur du pays. Ce changement ne pouvait pas s'opérer sans revisiter les contours de la fameuse " démocratie athénienne " telle que définie par ses ancêtres. Le Rwanda a encore une fois osé questionner sur la pertinence du sens de la démocratie " à l'occidental " qui consiste à suivre aveuglement le modèle de gestion " copier-coller " qui n'est pas nécessairement approprié à d'autres pays. Au lendemain du génocide, le Rwanda a compris qu'à une situation inhabituelle il fallait des solutions inhabituelles taillées sur sa propre mesure. D'où " home grown solutions ". Le Rwanda se retrouva ainsi face au 2e péché qui est celui de refuser de s'accoutrer. Il a jugé que le " prêt à porter " que l'occident habille et impose au reste du monde sans tenir compte de la taille est inapproprié !
Les imposteurs trouvent que le Rwanda dérange. Contrairement à plusieurs pays africains, le Rwanda a choisi de se retirer des accords de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act) avec les États-Unis qui veulent maintenir l'Afrique dans une dépendance économique. Le Rwanda a donc vite compris qu'il était temps de mettre fin à l'importation des vêtements usagés qui a trop duré pour stimuler et promouvoir les entreprises locales investies dans le " made in Rwanda ". Certainement que cette décision assez courageuse a créé des remous dans le camp des individus qui venaient de perdre ce marché précieux.
Lorsque l'Union européenne a pris des sanctions contre le Rwanda, les citoyens de l'intérieur et ceux de la diaspora se sont rapidement mis à l'uvre pour créer et alimenter le fonds " Agaciro " qui devait amortir le choc financier découlant de ces coupures. Il va de soi que ceux qui avaient planifié le châtiment ont trouvé le Rwanda agaçant puisqu'ils n'ont pas réussi à le mettre à genou comme ils l'avaient voulu.
D'autres jugent que le Rwanda est irritant et qu'il faut le contrecarrer. Ils s'étonnent que ce petit pays continue sa vision et ses ambitions d'explorer des nouvelles pistes de solutions sans l'approbation préalable des puissances mondiales. Très récemment encore, l'accord entre le Rwanda et l'Angleterre sur l'immigration a créé une onde de chocs dans toutes les instances. Dans tous ces va-et-vient entre le parlement et les tribunaux, le plus drôle est qu'ils ont appelé le HCR pour être entendu. Ceci équivaut à appeler les braconniers à la barre pour témoigner dans un procès de braconnage ! Au moment où cette crise de valeurs pousse les jeunes africains à finir leurs vies en méditerranée et les Américains, dans une brutalité extrême, à séparer les mères de leurs enfants sud-américains ; le Rwanda a voulu donner sa contribution pour combattre ce fléau en essayant quelque chose de nouveau mais il y en a ceux qui trouvent qu'il ose trop et qu'il faut le garder dans le collimateur.
En conclusion, la crise économique fait toujours la manchette au moment où la crise de valeurs et de murs est réduite au dernier plan quand bien même ses conséquences ne sont pas moindres. L'homme dépossédé de ses valeurs est un squelette mobile. Les valeurs et murs constituent l'essence de notre humanisme et c'est cela qui fait la richesse des Africains. Il est temps que la notion d'" Ubuntu " soit enseignée sur le continent pour arrêter cette hémorragie de suivre aveuglement l'occident. Nous vivons présentement sur une planète où l'ordre mondial a été bouleversé, mais les puissants tentent toujours de nous rouler dans un désordre mondial bien ordonné. Il est temps que chaque pays sache bien choisir son chemin et son allié, les temps de " ennemi de mon ami est mon ennemi " ou " si tu n'es pas avec moi tu es contre moi " sont révolus.
Charles Butera
Source : https://fr.igihe.com/La-crise-des-valeurs-dans-le-monde.html
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