Sous des promesses de salut, de vérité ultime, elles attirent ceux qui vacillent sur les chemins de la vie, les curs égarés qui cherchent une lumière dans l'obscurité de leur détresse psychologique.
Mais cette lumière, au lieu de guider, aveugle. Elle n'est qu'un feu follet qui conduit les innocents vers un abîme où la liberté d'être et de penser est sacrifiée sur l'autel d'une obéissance aveugle.
Dans ce théâtre sombre, l'embrigadement se fait par des murmures séduisants, des chants envoûtants qui promettent l'apaisement des tourments intérieurs.
Les sectes tendent leurs filets invisibles, jouant sur les faiblesses, exploitant la moindre fêlure pour tisser une toile d'emprise totale. Les âmes captives, désormais dépossédées de leur libre arbitre, ne se rendent pas compte qu'elles se détachent peu à peu du monde réel, de leurs racines, de ce qui faisait d'elles des êtres libres et indépendants.
Elles deviennent des ombres errantes, des esprits captifs, prisonniers d'une illusion qui se fait tyrannie.
Dans cet univers où la réalité se tord sous le poids des dogmes, la désobéissance civile est érigée en vertu. Ce qui était autrefois un acte noble, une rébellion contre l'injustice, devient entre les mains des sectes un outil de subversion sociale.
Les adeptes, convaincus d'appartenir à une élite choisie, sont poussés à tourner le dos à la société, à rejeter les lois, à mépriser les normes qui cimentent le vivre-ensemble. Ils se voient comme les détenteurs d'une vérité supérieure, un phare dans la nuit, alors qu'ils ne sont que des pions dans une partie d'échecs dont ils ne comprennent pas les règles.
Cette résistance au progrès social n'est pas un simple refus de l'innovation ; c'est un acte de sabotage contre l'évolution même de l'humanité. Les sectes dressent des murs invisibles autour de leurs membres, les coupant des courants bienfaisants de l'éducation, de l'égalité, de la science.
Elles prêchent un retour en arrière, un repli sur des traditions déformées, des croyances fossilisées, faisant obstacle à toute forme de progrès qui pourrait menacer leur domination. Ainsi, elles transforment des esprits brillants en esprits bornés, des curs ouverts en curs fermés, et des citoyens en spectres silencieux.
Le dépouillement ne se fait pas seulement sur le plan matériel ; il ronge jusqu'à l'essence sociale des individus. Les sectes, en coupant les membres de leurs familles, de leurs amis, et du monde extérieur, les dépouillent de ce qui les définit en tant que citoyens.
La socialisation, ce processus vital qui nourrit l'âme et enrichit l'esprit, est brutalement interrompue, laissant place à un isolement asphyxiant. Les liens qui unissent l'individu à la communauté sont sectionnés, laissant les adeptes dériver dans un océan d'incertitude, privés de tout repère, de toute connexion qui pourrait les ramener vers la rive de la réalité.
Cette coupure, loin d'être un simple éloignement physique, est une déchirure profonde dans le tissu de la citoyenneté.
Les sectes sapent la base même de l'identité sociale, transformant des individus engagés en citoyens fantômes, incapables de participer pleinement à la vie civique. En les empêchant de voter, de s'engager dans des causes collectives, ou même de simplement interagir avec leurs concitoyens, les sectes privent la société de forces vives, et les individus de leur droit fondamental à la citoyenneté active.
Ainsi, elles étouffent la voix de ceux qui auraient pu apporter une contribution précieuse à la communauté, laissant une société appauvrie, privée de sa diversité et de son dynamisme.
Là où la société s'efforce d'avancer, de s'élever, les sectes tirent en arrière, ancrées dans des doctrines rigides qui refusent toute lumière nouvelle. Cette résistance au progrès social n'est pas seulement une inertie, c'est une force active de régression, un sabotage délibéré de tout ce qui pourrait faire grandir l'esprit humain. Elles s'opposent à l'éducation, non parce qu'elles craignent l'ignorance, mais parce qu'elles redoutent la connaissance. Elles combattent l'égalité, non parce qu'elles prônent l'injustice, mais parce qu'elles dépendent de la hiérarchie pour maintenir leur pouvoir.
En figeant leurs adeptes dans des rôles rigides, en les coupant du dialogue social, en les enfermant dans des dogmes immuables, les sectes transforment leurs membres en gardiens d'un passé mort, incapables de s'adapter aux défis d'un avenir vivant.
Cette opposition à la socialisation normale et à l'intégration sociale transforme des esprits libres en esclaves volontaires, des citoyens potentiels en silhouettes vacillantes, incapables d'exercer pleinement leurs droits et responsabilités.
Ainsi, elles privent non seulement leurs membres, mais toute la société, du souffle vital du progrès et de l'innovation.
Dans ce paysage sombre et troublé, il est impératif que la lumière de la raison, de la liberté, et de la citoyenneté perce les ténèbres des dérives sectaires.
La lutte contre ces forces insidieuses doit être menée avec la même ferveur que celle pour la justice et la vérité. La société tout entière est appelée à se mobiliser, à éduquer, à protéger, afin que chaque individu puisse retrouver le chemin de la liberté de pensée, de la participation sociale, et de l'épanouissement personnel.
C'est un appel à l'éveil, un cri pour la renaissance de la citoyenneté, un engagement à préserver ce qui fait de nous des êtres libres et égaux.
Nous devons ensemble réaffirmer les valeurs de la socialisation, de l'intégration, et du progrès, pour que jamais l'ombre des dérives sectaires ne puisse étouffer la lumière de l'humanité.
La route est longue et parsemée d'embûches, mais la quête de la vérité, de la justice, et de la citoyenneté mérite chaque pas, chaque lutte, chaque victoire.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Derives-sectaires-une-tragedie-de-l-ame-et-de-la-citoyennete.html
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