Le Syndicat Autonome des Magistrats de la RDC se dresse, aujourd'hui, en rempart face à ce qu'il perçoit comme une dérive dangereuse du ministre de la Justice. Le syndicat, tout en réaffirmant son adhésion à la lutte contre les anti-valeurs qui gangrènent les institutions du pays, y compris la magistrature, s'insurge contre les accusations infondées et généralisantes du ministre à l'encontre des magistrats.

Le syndicat commence par réaffirmer un principe fondamental : la lutte contre les anti-valeurs, ces pratiques corruptrices qui minent les fondements de la société congolaise, est une cause noble et nécessaire.

Les magistrats, en tant que gardiens de la loi, partagent cette vision et ce combat.

Cependant, le ministre de la Justice, dans ses sorties médiatiques, semble détourner ce noble objectif pour en faire un instrument de dénigrement du corps judiciaire. Il met en lumière uniquement les défaillances de la magistrature, la rendant ainsi responsable de toutes les faiblesses du système judiciaire, sans jamais aborder les causes profondes du dysfonctionnement de la justice en RDC.

Les discours populistes du ministre, souvent empreints d'outrance et de mépris, mettent en danger la sécurité des magistrats, déjà précaire dans un pays où l'état de droit est souvent bafoué.

En désignant les magistrats comme les boucs émissaires de la mauvaise gouvernance, le ministre de la Justice expose ces derniers à des attaques physiques et morales, exacerbant une situation déjà difficile. Le syndicat souligne que la sécurité des magistrats est un prérequis essentiel à l'indépendance de la justice, et que ces attaques verbales nuisent gravement à la sérénité nécessaire à l'exercice de leurs fonctions.

L'une des critiques les plus sévères formulées par le syndicat concerne la création de tribunaux populaires, où le ministre se permet de se substituer aux juges en place. Cette dérive autoritaire, où le ministre se transforme tantôt en juge, tantôt en procureur, bafoue les principes d'une justice indépendante.

En qualifiant certaines décisions judiciaires d'injustes, en ordonnant des arrestations, et en instituant des commissions chargées de statuer sur les actes des magistrats, le ministre porte atteinte à la séparation des pouvoirs, principe fondamental de toute démocratie.

Face à ces dérives, le Syndicat Autonome des Magistrats en appelle à la raison. Il exhorte le ministre à mettre fin à ses agressions verbales et à cesser d'instrumentaliser la justice à des fins populistes.

Le syndicat rappelle que le juge statue sur la base des lois et des preuves, et que toute ingérence extérieure dans ce processus est une atteinte grave à l'État de droit.

Il appelle également ses confrères à refuser de participer à des commissions de censure qui usurpent les compétences des cours et tribunaux, et à défendre l'intégrité de leur institution.

La RDC, comme toute nation aspirant à la paix et à la justice, ne peut se permettre de sacrifier l'indépendance de sa magistrature sur l'autel du populisme et des intérêts politiques.

Le respect des institutions, la protection des magistrats et la défense de l'État de droit sont des impératifs pour garantir une gouvernance juste et équitable.

Le Syndicat Autonome des Magistrats, par ses critiques et son engagement, se positionne comme le gardien de ces valeurs essentielles, rappelant à tous que la justice ne peut être rendue que dans un climat de sérénité, loin des pressions politiques et des discours populistes.

Constant Mutamba, ministre de la justice de la RDC

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Les-magistrats-congolais-en-guerre-contre-le-populisme-du-ministre-de-tutelle.html