Début octobre 2024, Johan Borgstam, qui a pris ses fonctions en juillet 2024, est arrivé à Kinshasa pour une série de consultations avec les autorités congolaises. Durant cette visite, il a rencontré plusieurs hauts responsables du gouvernement, parmi lesquels Gracia Yamba Kazadi, Vice-ministre des Affaires étrangères, Sumbu Sita Mambu, médiateur principal des pourparlers de Luanda sur la sécurité à l'Est du pays, ainsi que Nicolás Berlanga-Martinez, Ambassadeur de l'UE en RDC. Ces rencontres devaient culminer par un entretien avec le président Tshisekedi le 9 octobre, mais celui-ci a été brusquement annulé.

La Présidence congolaise a officiellement invoqué l'emploi du temps chargé du chef de l'État pour expliquer ce changement. Toutefois, l'annulation n'a pas manqué de susciter des interrogations, d'autant plus qu'aucun autre engagement n'a été signalé pour cette journée. Pour de nombreux observateurs, cette justification semble peu convaincante.

D'après des informations publiées par Africa Report, cette décision présidentielle serait en réalité motivée par un désaccord profond concernant un récent accord signé entre l'UE et le Rwanda. Cet accord, conclu le 18 février 2024, porte sur l'exploitation des ressources minières en Afrique centrale et vise à promouvoir une extraction respectueuse de l'environnement tout en améliorant la traçabilité des minerais tout en luttant contre le commerce illicite. Dès la publication de cet accord, Kinshasa avait exprimé son désaccord, convoquant l'Ambassadeur de l'UE pour des explications.

Cette tension s'ajoute à d'autres frustrations de la RDC à l'égard de Bruxelles, notamment les discussions en cours entre l'UE et le Rwanda concernant le soutien financier à la mission des forces rwandaises, engagées dans la lutte contre le terrorisme dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique. Kinshasa perçoit ces accords comme un soutien indirect à son voisin rwandais, avec lequel les relations sont régulièrement tendues.

Malgré cette impasse diplomatique à Kinshasa, Johan Borgstam a poursuivi son périple régional et s'est rendu au Rwanda le 11 octobre 2024. Là, il a été reçu par le Président Paul Kagame pour discuter des enjeux sécuritaires dans la région des Grands Lacs.

La nomination d'un Envoyé spécial de l'UE pour la région des Grands Lacs avait pour objectif de contribuer à la résolution des conflits entre les pays de cette zone instable. Toutefois, ce refus de la part du président congolais témoigne à nouveau de la mauvaise foi des autorités congolaises, alors que l'Union européenne tente de jouer un rôle de médiateur.

Le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Antoine Tshisekedi, a annulé la rencontre qui était prévue entre lui et Johan Borgstam, l'Envoyé spécial de l'Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs.

Alain-Bertrand Tunezerwe



Source : https://fr.igihe.com/Flou-autour-des-raisons-du-refus-de-Tshisekedi-de-recevoir-l-envoye-de-l-UE.html