L'adaptation, qui englobe des mesures allant de l'introduction de cultures résistantes à la sécheresse, à la construction d'infrastructures pour se protéger des inondations, est essentielle pour les pays africains. Ces derniers, bien qu'émettant moins de 4 % des gaz à effet de serre mondiaux, sont parmi les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, tels que les sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations.
Lors de son discours, Ali D. Mohamed, président du Groupe Africain de Négociateurs, a insisté sur le fait que la COP29 doit déboucher sur un nouvel objectif financier ambitieux pour le climat, qui réponde aux besoins spécifiques des pays en développement, en particulier ceux d'Afrique. Il a précisé que cet objectif doit être aligné sur les trajectoires d'1,5°C et ne pas aggraver la dette des pays vulnérables.
Le rapport "Adaptation Gap Report 2024" du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), qui devrait alimenter les discussions à la COP29, met en évidence un écart de financement dramatique pour l'adaptation. Si les pays en développement ont besoin de 215 à 387 milliards de dollars par an pour financer l'adaptation, seulement 28 milliards de dollars leur parviennent actuellement chaque année. Cette situation alarmante a poussé les responsables politiques à réclamer une augmentation des fonds disponibles.
Le Ministre kényan de l'Environnement, Aden Duale, a également souligné que les flux financiers vers l'Afrique sont insuffisants. Il a déploré que les financements pour l'adaptation, la gestion des pertes et des dommages soient régulièrement éclipsés par les fonds alloués à la mitigation, bien que le continent soit le plus touché par les conséquences du changement climatique.
Le Rwanda, représenté à la COP29, est un exemple frappant de la nécessité d'un soutien accru. Le pays a identifié un écart de financement de 7,1 milliards de dollars dans le but d'atteindre ses objectifs climatiques, dont 5,4 milliards de dollars sont destinés à des projets d'adaptation. Pour ces projets, 60 % du financement nécessaire devrait provenir de sources internationales. Le Rwanda appelle donc à un renforcement de l'engagement des pays développés à doubler le financement de l'adaptation, conformément à leurs engagements pris lors des précédentes COP.
Le pays a également dévoilé sa Stratégie de Financement du Climat et de la Nature, dans laquelle il plaide pour une mobilisation plus robuste du financement climatique, en particulier sous forme de subventions et de prêts concessionnels. Ces financements doivent être libérés des instruments d'endettement, qui risquent d'aggraver la dette des pays en développement.
Un autre point crucial des négociations est la mise en place du Fonds pour les Pertes et Dommages, qui vise à aider les pays les plus vulnérables à se remettre des impacts du changement climatique, comme les inondations, les sécheresses et les glissements de terrain. Bien que 770,6 millions de dollars aient été promis lors de la COP28 pour ce fonds, les experts estiment que le montant est loin d'être suffisant. En effet, il serait nécessaire de mobiliser 580 milliards de dollars par an d'ici 2030 et 1,7 trillion de dollars par an d'ici 2050 pour couvrir les pertes et dommages anticipés.
Faustin Vuningoma, coordonnateur du Réseau Rwandais pour le Changement Climatique et le Développement (RCCDN), a réitéré la nécessité de doubler le financement pour l'adaptation, de mettre en place le Fonds pour les Pertes et Dommages et de veiller à ce que les pays développés respectent leurs engagements financiers. "Il est crucial que la communauté internationale s'engage de manière significative et tangible à soutenir les pays en développement dans leur lutte contre les effets du changement climatique", a-t-il ajouté.
Pour la première fois depuis 15 ans, les pays participants à la COP devront s'entendre sur un nouvel objectif mondial de financement climatique, appelé le Nouvel Objectif Climatique Quantifié Collectif (NCQG). Le Groupe Africain de Négociateurs a fixé un objectif de 1,3 trillion de dollars par an, que les pays riches â" les plus grands pollueurs â" devront allouer aux pays en développement, à partir de l'année prochaine. Cet objectif vise à remplacer l'engagement précédent de 100 milliards de dollars par an, jugé largement insuffisant face aux défis croissants.
La COP29 pourrait donc être un tournant décisif pour l'Afrique, qui attend des engagements concrets et une véritable solidarité internationale face aux défis climatiques. Le temps presse, et les négociateurs africains ont clairement exprimé leurs attentes : des financements importants, transparents et sans conditions de remboursement qui permettent d'améliorer l'adaptation et de réparer les dommages causés par un changement climatique de plus en plus destructeur.
Le 16 novembre, le Groupe Africain de Négociateurs tiendra une session d'information sur l'état des négociations, dans le but de renforcer l'interaction avec les différentes parties prenantes africaines et fournir un retour critique aux négociateurs.
Rappelons que la COP 29 a débuté le 11 novembre et se poursuivra jusqu'au 22 novembre 2024.
Alain Bertrand Tunezerwe
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