Dans un contexte de tensions politiques en RDC, caractérisé par une population abandonnée, des infrastructures vétustes, des élections controversées en 2018 et 2023, des trahisons et des compromis, et des répressions contre l'opposition et les journalistes, les figures politiques semblent voir dans le Rwanda et son Président Kagame un exutoire.
Tandis que les scandales des détournements éclatent au quotidien, comme la chute de Vital Kamerhe lors de l'affaire des 100 jours, le scandale de Vidiye Tshimanga, et les luttes de pouvoir internes à l'UDPS, l'obsession pour le Rwanda devient une constante narrative, permettant aux dirigeants de détourner l'attention des problèmes nationaux.
Cette obsession crée un climat de méfiance, où chaque décision est interprétée comme une menace, et où les divisions s'accentuent au sein de la société. Le phénomène de projection s'installe : on accuse le Rwanda de fautes qui trouvent pourtant leur origine au sein même de la classe politique congolaise.
À l'UDPS, on accuse Augustin Kabuya de " trahir les idéaux du parti, de clientélisme, de manque de vision, de gestion solitaire du parti, de dictature ", et ce dernier désigne Kagame comme le coupable des divisions au sein de l'UDPS.
En parallèle, au Haut-Commissariat des Nations Unies à Genève, où quatorze États, dont la RDC, passent l'examen périodique universel, une délégation congolaise, menée par Chambu Chantal MWAVITA ministre des droits de l'homme et Patrick Muyaya, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, essaie de justifier les efforts en matière de droits de l'homme. Cependant, Muyaya ne résiste pas à l'envie d'évoquer le Rwanda et se voit recadré sèchement.
Les leaders congolais, dont Jean Claude TSHILUMBAYI, vice-président de l'Assemblée nationale, nient l'existence de discours de haine, malgré l'inquiétude de Volker Türk, Haut-Commissaire de l'ONU, et les sanctions de l'Union Européenne contre Justin Bitakwira pour incitation à la violence envers la communauté Banyamulenge.
Les autorités congolaises semblent croire qu'invoquer le Rwanda permet de justifier leurs échecs. Sama Lukonde, lors d'une assemblée parlementaire à Genève, explique même que l'agression du Rwanda empêche la RDC de participer aux débats sur l'intelligence artificielle, ce qui suscite des moqueries.
Alors que Muyaya se fait corriger pour son discours de propagande, et que Sama Lukonde provoque des rires, André Mbata affirme que 20 000 soldats rwandais seraient présents en RDC, en contradiction avec le communiqué de Luanda et avec la Première ministre qui en évoque 4 000.
Le problème réside dans cette fixation sur le Rwanda, empêchant les dirigeants de regarder en face leurs propres lacunes, notamment en matière de corruption dans le secteur minier.
Une lettre signée par "Les enfants du Katanga" révèle l'implication de proches de Tshisekedi dans l'exploitation illégale des ressources minières de Kolwezi.
Selon Africa Intelligence, la " famille Tshisekedi " aurait pris possession de ces zones minières, qualifiées de " far west minier ", sans que cela n'indigne personne en RDC. Pendant ce temps, des figures comme Muhindo Nzanghi et Julien Paluku, eux-mêmes impliqués dans l'exploitation minière, continuent de clamer que le Rwanda est responsable des exploitations minières illégales.
Les propos de She Okitundu rappellent aux Congolais qu'en banalisant la violence et en acceptant l'inaction de leurs dirigeants, ils en paient le prix.
Les subterfuges autour de la " menace rwandaise " cachent les vraies problématiques congolaises, détournant les regards d'où se jouent les véritables enjeux politiques et économiques de la nation.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/La-classe-politique-Congolaise-obsedee-par-le-Rwanda-et-Kagame.html
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