Lors de cette rencontre, le Ministre de l'Éducation, Joseph Nsengimana, a salué les progrès réalisés par le gouvernement, notamment concernant la fourniture de livres spécialisés et d'appareils d'assistance pour les élèves handicapés. Cependant, il a souligné que le pays reste encore loin d'atteindre ses objectifs en matière d'éducation inclusive. Il a rappelé que, bien que les handicaps physiques soient les plus reconnus, d'autres types de handicaps, comme l'autisme et les handicaps intellectuels, sont souvent négligés.
" Le gouvernement est déterminé à s'attaquer à tous les types de handicaps. Cela nécessite une identification précise du nombre d'élèves concernés et une collaboration entre les secteurs pour garantir un soutien approprié ", a déclaré Nsengimana. Il a également insisté sur la nécessité d'étendre l'offre éducative pour les enfants handicapés, en particulier ceux ayant des handicaps complexes ou combinés. " Avoir une ou deux écoles spécialisées n'est pas suffisant, surtout lorsque les enfants handicapés sont dispersés à travers le pays. Nous visons à augmenter leur nombre et à mieux les équiper ", a-t-il ajouté.
Pour combler les lacunes dans le système éducatif, Nsengimana a mis l'accent sur la formation des enseignants. Les Centres de Formation des Enseignants (CFE) proposent désormais des cours spécialisés sur l'éducation des élèves en situation de handicap. En outre, une commission ministérielle conjointe explore des moyens de mieux détecter et soutenir les élèves ayant des handicaps non physiques, comme l'autisme.
Le Ministre a également souligné la nécessité de sensibiliser davantage la population sur les handicaps non physiques, rappelant que de nombreux parents et éducateurs ignorent des conditions telles que l'autisme, ce qui conduit souvent à l'abandon des enfants affectés.
Emmanuel Ndayisaba, Secrétaire Exécutif du Conseil National des Personnes Handicapées, a évoqué la difficulté de rendre l'éducation des enfants autistes plus accessible. Selon lui, les frais de scolarité actuels, allant de 300 000 à 750 000 Rwf par trimestre, sont trop élevés pour de nombreuses familles. " Nous travaillons avec le gouvernement pour surmonter ces barrières financières et rendre l'éducation plus inclusive ", a-t-il déclaré.
Un recensement national est actuellement en cours pour déterminer le nombre exact de personnes handicapées au Rwanda et évaluer leurs besoins en fonction de la nature et de la gravité de leurs handicaps. Ndayisaba a souligné qu'une action collective est nécessaire pour garantir un système éducatif inclusif, afin de s'assurer qu'aucun apprenant ne soit laissé pour compte.
En 2022, le Rwanda avait formé 15 569 enseignants à l'éducation inclusive et spécialisée, ainsi que 13 879 agents de soutien. Cependant, selon Julienne Mukayirege, Directrice par intérim de l'Unité de l'Éducation Spécialisée et Inclusive au Ministère de l'Éducation, des défis subsistent, notamment dans la détection du niveau de handicap. " Par exemple, il est essentiel de déterminer la gravité d'un handicap visuel pour adapter les interventions appropriées. Bien que le gouvernement ait investi dans des outils diagnostiques, leur coût et leur disponibilité restent limités ", a-t-elle expliqué.
Dans l'optique de surmonter ces défis, le ministère de l'Éducation prévoit d'augmenter le nombre d'enseignants formés à l'éducation inclusive et de garantir que tous les éducateurs reçoivent une formation spécialisée dans ce domaine.
Le Rwanda poursuit donc son engagement en faveur de l'éducation inclusive, visant à permettre à chaque enfant, quelle que soit sa condition, de bénéficier d'une éducation de qualité. Le pays compte actuellement 38 937 apprenants handicapés, dont 21 615 sont des filles et 17 322 sont des garçons. Alors que la sensibilisation continue de croître, le Rwanda reste déterminé à créer un système éducatif où " chaque apprenant compte ", et où l'accès à l'éducation est véritablement inclusif et équitable pour tous.
Alain Bertrand Tunezerwe
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