Ce mardi 12 novembre, il adresse un ultimatum tranchant à ses alliés de l'Union Sacrée, Kamerhe, Bahati, et Bemba, pour qu'ils se positionnent en faveur du changement de la Constitution. Dans ce paysage de pouvoir mouvant, l'histoire semble se répéter, car, comme autrefois sous Kabila, le camp présidentiel ne tolère pas la dissidence.
Les grandes figures de l'époque Kabila qui se sont opposées à lui furent promptement " éliminées " du cercle restreint du pouvoir. On se souvient de Pierre Lumbi Okongo, qui, après avoir été conseiller spécial en matière de sécurité, a rejoint l'opposition, se retrouvant marginalisé. Olivier Kamitatu, autrefois président de l'Assemblée nationale, a subi un sort similaire après avoir pris ses distances. Vital Kamerhe, ancien bras droit et figure de proue, a lui aussi connu l'éviction, formant ensuite son propre parti, l'Union pour la Nation Congolaise, avant de s'allier avec Tshisekedi.
La rupture la plus marquante fut celle de Moïse Katumbi, autrefois gouverneur du Katanga et allié puissant, qui, en 2015, a quitté Kabila pour devenir un leader de l'opposition. Les dissidents, comme Jean-Claude Muyambo et François Mwamba, ont également payé le prix de leur distance, certains étant même poursuivis ou emprisonnés.
Aujourd'hui, Tshisekedi semble suivre une voie similaire, orchestrant une danse politique où ceux qui se refusent à plier risquent de connaître un destin similaire à celui des " éliminés " de Kabila. A la tête de l'UDPS, Augustin Kabuya mobilise ses troupes, prêt à exiger la démission, voire l'expulsion de ceux qui se montrent réticents.
Le fantôme des purges de l'ère Kabila plane sur la coalition de l'Union Sacrée, tandis que l'ambition présidentielle balaie les alliances les plus fragiles.
Dans ce climat de méfiance, les alliés hésitent, conscients des conséquences d'une opposition frontale. Mais l'appel du pouvoir persiste, et la tentation de conserver un contrôle absolu sur le pays en modifiant la Constitution pourrait, à terme, fracturer encore davantage le tissu politique congolais.
Sous le slogan de l'" Union Sacrée ", les dissidences grondent. A l'instar des jours sombres de Kabila, la RDC semble à nouveau s'engager dans une voie où les ambitions personnelles et les alliances éphémères se heurtent aux limites du pragmatisme politique.
Pendant ce temps, l'opposition se regroupe. Sous la bannière du " Non au changement de la Constitution ", une coalition improbable émerge entre les forces institutionnelles et non institutionnelles, menées par des figures de poids comme Moïse Katumbi, le FCC de Joseph Kabila, Delly Sesenga et Lamuka de Martin Fayulu.
Dans l'Est troublé, des groupes comme l'AFC-M23, menés par Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa et les enfants du Katanga voient dans cette révision une opportunité de redessiner la carte du pays. Cette lutte pour le contrôle constitutionnel pourrait aboutir à une République divisée, menaçant de faire éclater la nation.
Tshisekedi, en fixant cet ultimatum, rallume une étincelle qui pourrait embraser le Congo dans une crise quasi insoluble. Car au lieu de faire face aux causes réelles des instabilités profondes du pays, la politique congolaise, encore une fois, opte pour des pirouettes stratégiques, préférant prolonger les jeux de pouvoir que de répondre aux aspirations légitimes d'un peuple en quête de stabilité.
Tite Gatabazi
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