Selon lui, les mesures défensives prises par le Rwanda le long de sa frontière sont légitimes, efficaces et proportionnées, et ne seront levées que lorsque les menaces spécifiques à la région seront neutralisées.

Ce discours rappelle l'importance cruciale de la sécurité nationale, mais aussi l'impossibilité de maintenir la paix si les causes profondes de la crise, particulièrement dans l'Est de la RDC, ne sont pas traitées.

Si la communauté internationale se trouve souvent désemparée face à cette situation, le gouvernement congolais, quant à lui, semble pris dans une dynamique de tergiversations internes, où les contingences politiques et une quête de bouc émissaire masquent les véritables causes de l'instabilité.

Les tergiversations du gouvernement congolais face à la situation dans l'Est du pays sont une conséquence directe d'une scène politique interne marquée par une instabilité et une fluctuation permanentes.

Le régime de Kinshasa, dirigé par le président Félix Tshisekedi, fait face à une pression croissante de la part de l'opposition, des mouvements sociaux, et d'une population fatiguée des échecs successifs en matière de sécurité et de développement. Cette instabilité politique interne empêche une prise de décision claire et cohérente sur la gestion de la crise à l'Est du pays.

En effet, la RDC, riche de ses ressources naturelles, se trouve régulièrement en proie à des luttes internes de pouvoir, où chaque crise devient un terrain propice à la manœuvre politique. L'opposition, notamment, cherche à exploiter les faiblesses du pouvoir en place, souvent en dénonçant son incapacité à rétablir l'ordre et à répondre aux besoins fondamentaux des populations.

Cependant, ce climat de contestation nourrit également les tergiversations internes, car le gouvernement cherche parfois à masquer ses échecs par une politique de diversion, en pointant du doigt les menaces extérieures.

Dans ce contexte de lutte pour la légitimité, le gouvernement congolais semble avoir fait de la recherche de boucs émissaires une stratégie pour détourner l'attention des échecs internes.

Le Rwanda est souvent accusé, directement, de soutenir le M23, d'inspiration rwandophone, ce qui sert de prétexte pour justifier l'échec de l'État congolais à pacifier cette région.

Le discours officiel fait souvent état d'une ingérence étrangère, mais cette rhétorique sert surtout à masquer les faiblesses structurelles du régime, qui n'a pas réussi à instaurer une gouvernance stable, en raison de l'absence d'un véritable contrôle de son territoire et de l'incapacité de réformer les institutions de sécurité et de justice.

Cette stratégie du bouc émissaire, qui consiste à imputer la responsabilité des défaillances à des forces extérieures, permet au gouvernement de détourner l'attention de la population et de l'opposition sur les véritables enjeux politiques internes, tout en cultivant un sentiment d'unité nationale autour de l'idée d'une défense de l'intégrité territoriale.

Cependant, cette politique de diversion est de plus en plus inefficace. Les enjeux internes sont trop pressants, et les échecs du gouvernement en matière de sécurité sont trop évidents.

La situation humanitaire dans l'Est de la RDC est catastrophique : des millions de personnes vivent dans des conditions précaires, et les affrontements entre groupes armés, qu'ils soient congolais ou étrangers, se multiplient. Le gouvernement congolais se trouve donc pris au piège de ses propres contradictions.

D'un côté, il doit faire face aux critiques internes de sa gestion de la crise, de l'autre, il doit maintenir une posture de défense de la souveraineté nationale face à un voisin rwandais de plus en plus ferme dans ses positions. Cette double pression, interne et externe, rend toute résolution rapide de la crise presque impossible.

Derrière la rhétorique de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, se cache une réalité plus complexe. La crise à l'Est de la RDC est avant tout une crise de gouvernance et de développement. La faiblesse de l'État congolais, la corruption endémique, l'absence de réformes structurantes et la mauvaise gestion des ressources humaines et matérielles sont autant de facteurs qui alimentent l'instabilité dans cette région stratégique.

En réponse à cette impasse, la communauté internationale appelle régulièrement au dialogue entre Kinshasa et Kigali, dans l'espoir de trouver une solution politique durable. Toutefois, le processus de dialogue, bien que nécessaire, reste insuffisant face aux causes profondes du conflit.

Le gouvernement congolais, en proie à une scène politique volatile et en quête de boucs émissaires pour masquer ses propres échecs, semble incapable de mener une réflexion constructive sur les réformes nécessaires à la pacification du pays.

Le dialogue entre Kinshasa et Kigali, bien que crucial, ne peut pas résoudre seul les problèmes structurels qui gangrènent la RDC depuis des décennies.

Ainsi, la crise à l'Est de la RDC est bien plus qu'un simple conflit régional ; elle est symptomatique d'une gouvernance défaillante, d'un manque de cohésion nationale et d'une incapacité à traiter les causes profondes des conflits.

Tant que le gouvernement congolais continuera de chercher des coupables extérieurs sans s'attaquer aux racines de ses propres faiblesses, la paix restera une illusion, et l'instabilité persistera comme une ombre menaçante sur la RDC.

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-RDC-entre-boucs-emissaires-et-echecs-internes.html