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Sous couvert de principes universels, elle s'engage dans une lecture partiale des événements, dictée non par une quête de justice, mais par des considérations politiques et historiques biaisées.
Or, confrontée à l'épreuve des faits, cette duplicité se révèle dans toute son évidence et trahit l'incohérence d'un discours qui oscille entre aveuglement volontaire et complaisance intéressée.
Lorsque le Président Félix Tshisekedi a délibérément apporté son soutien matériel et logistique à la force génocidaire FDLR, allant jusqu'à l'intégrer dans les rangs de son propre appareil militaire, la Belgique, pleinement informée de cette manuvre, n'a pris aucune initiative pour en dénoncer la gravité ni pour exiger des comptes.
Cette inaction est d'autant plus accablante que Bruxelles, qui ne cesse d'ériger la mémoire du génocide contre des tutsi en impératif moral et politique, aurait dû, en toute cohérence, condamner sans détour toute collusion avec une organisation criminelle dont l'idéologie mortifère demeure inchangée depuis 1994. Pourtant, plutôt que de s'ériger en garant des valeurs qu'elle prétend défendre, la Belgique s'est enfermée dans un silence coupable, révélant ainsi l'inconstance de son engagement en faveur des principes qu'elle proclame.
De la même manière, lorsque le Président Tshisekedi a, à de multiples reprises et sans la moindre ambiguïté, affirmé sa volonté de renverser le gouvernement légitime du Rwanda et de bombarder Kigali sans même mobiliser de troupes au sol, Bruxelles, qui a entendu ces déclarations avec une clarté indéniable, s'est obstinée à garder le silence. Une telle retenue est d'autant plus paradoxale que la Belgique, toujours prompte à dénoncer les velléités guerrières d'autres États, n'a, en l'espèce, pas jugé utile de rappeler à Kinshasa ses obligations élémentaires en matière de respect du principe de non-agression. Ce mutisme opportun traduit une approche sélective où les principes ne s'appliquent que lorsque cela sert ses intérêts géopolitiques.
Pis encore, Bruxelles n'a pas réagi lorsque le Président Tshisekedi a consacré des sommes colossales à l'acquisition d'armements lourds, incluant des drones d'attaque et des avions de combat, en vue de concrétiser ses menaces. La Belgique n'a pas davantage élevé la voix alors que se constituait, sous ses yeux, une coalition militaire composite, rassemblant milices locales, forces génocidaires FDLR, troupes burundaises, éléments de la SAMIDRC et mercenaires européens.
Une telle entreprise, poursuivant un objectif explicitement hostile à la stabilité régionale, aurait dû susciter une réaction immédiate et ferme. Pourtant, Bruxelles, fidèle à son inertie calculée, a choisi de détourner le regard, confirmant une fois de plus son incapacité à adopter une posture cohérente.
Lorsque les FARDC et leurs milices supplétives se livrent à des persécutions et massacres systématiques contre les tutsi congolais au Nord-Kivu, les Banyamulenge au Sud-Kivu et les Hema en Ituri, la Belgique, pourtant parfaitement informée de ces exactions d'une gravité inouïe, se refuse à toute intervention. Là encore, son silence tranche avec l'indignation qu'elle affiche dans d'autres contextes, où elle se veut intransigeante dès lors que les auteurs de crimes ne font pas partie de ses alliés stratégiques.
Une telle duplicité met en lumière une indignation à géométrie variable, où les droits des minorités ne sont défendus que lorsque cela épouse la ligne politique de Bruxelles.
Ce double discours atteint son paroxysme lorsque le ministre belge des Affaires étrangères affirme que son pays aspire à un "processus de suspension professionnel qui préserve les acquis de notre coopération de longue date au bénéfice du peuple rwandais". Une telle déclaration, sous des airs de pragmatisme, n'est rien d'autre qu'une rhétorique néocoloniale éculée, empreinte d'une condescendance manifeste, doublée d'une hypocrisie flagrante.
En premier lieu, il est impératif de rappeler que le bien-être du peuple rwandais ne relève nullement de la bienveillance du Royaume de Belgique, mais bien de la responsabilité exclusive du Gouvernement rwandais, qui, par sa gestion rigoureuse et visionnaire, a su assurer un développement économique et social indéniable, affranchi de toute tutelle extérieure.
En second lieu, si la Belgique uvrait réellement "au bénéfice du peuple rwandais", elle ne se livrerait pas, avec un acharnement évident, à une campagne diplomatique visant à faire pression sur les partenaires du Rwanda afin d'entraver la coopération au développement, pourtant destinée directement aux populations rwandaises. Un tel comportement relève bien plus d'une volonté punitive à l'égard de Kigali pour son indépendance politique affirmée que d'un réel souci de préserver les intérêts du Rwanda et de son peuple.
Enfin, le Rwanda et l'Histoire gardent un souvenir cuisant de l'attitude du Royaume de Belgique lorsqu'il s'est agi de "défendre" le peuple rwandais. Depuis la période coloniale, où Bruxelles a méthodiquement semé les germes de la division, jusqu'à sa complaisance envers les génocidaires en 1994 et après, l'attitude belge n'a jamais été dictée par des considérations humanitaires, mais bien par une gestion opportuniste de ses relations avec la région. Aujourd'hui encore, derrière un discours moralisateur se cache une volonté latente de maintenir une influence déclinante sur une nation qui a su s'émanciper de son emprise.
En définitive, ce n'est pas le Rwanda qui se retrouve en porte-à-faux face aux principes internationaux, mais bien la Belgique elle-même, dont la duplicité, mise en lumière par les faits, révèle l'incohérence d'une politique étrangère vacillante. Ce pays, jadis puissance coloniale, semble incapable d'admettre que le Rwanda n'a plus besoin de ses leçons et qu'il entend désormais tracer sa propre voie, avec ou sans l'approbation de Bruxelles. En persistant dans une posture paternaliste et en s'accrochant à un passé révolu, la Belgique ne fait que s'enliser dans ses propres contradictions, se prenant inévitablement les pieds dans le tapis de son propre double langage.
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Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/La-posture-ideologique-de-la-Belgique-demasquee.html
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