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Goma, qui est tombée aux mains des rebelles du M23 après la prise de l'aéroport de la ville le 28 janvier, était devenue le centre névralgique de la riposte du président Félix Antoine Tshisekedi face à la réémergence de la rébellion du M23 en 2021.
Ainsi, cette ville d'environ 2 millions d'habitants est devenue le principal foyer des opérations militaires contre les rebelles, qui étaient revenus clandestinement d'Ouganda et avaient repris les armes armes.
Ils ont reproché à Kinshasa de ne pas avoir respecté ses propres engagements, qui avaient pourtant permis de mettre fin à un précédent conflit avec le M23 en 2013 - lui-même conséquence de promesses non tenues issues d'un accord de mars 2009, à partir duquel le groupe tirerait son nom : le Mouvement du 23 Mars, ou M23.
Dans les mois précédant l'avancée du M23 sur Goma, des discussions avaient émergé sur le fait que Tshisekedi et ses alliés avaient transformé cette ville lacustre en une zone fortement militarisée avec un renforcement militaire significatif. Certains estiment que la coalition gouvernementale rassemblé environ 60 000 combattants à Goma et dans ses environs, tout en y acheminant de grandes quantités d'armes lourdes.
Goma, une métropole jumelle de la ville frontalière rwandaise de Rubavu, est ainsi devenue le perat de convergence de toutes les forces pro-Tshisekedi, un centre stratégique où était installé le commandement conjoint central, où les renseignements étaient partagés et où les opérations mitaires étaient coordonnées.
L'alliance comprenait l'armée congolaise (FARDC), les forces gouvernementales burundaises, les troupes de la SADC, la tristement célèbre milice Wazalendo, des mercenaires européens, des soldats de la paix de l'ONU sous la MONUSCO, ainsi que la Brigade d'Intervention de la Force (FIB-une branche de la MONUSCO avec un mandat offensif), ainsi que les génocidaires FDLR, un groupe terroriste sanctionné par l'ONU et issu du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.
La décision de la RDC de masser des dizaines de milliers de soldats et de miliciens prêts au combat, ainsi que des stocks d'équipements militaires lourds près de la frontière avec le Rwanda, a suscité des inquiétudes à Kigali, qui a rejeté les accusations selon lesquelles elle soutiendrait le M23.
Le gouvernement du Président Paul Kagame a accusé Kinshasa d'exacerber les tensions par une rhétorique incendiaire, des tirs d'artillerie transfrontaliers répétés et des violations de l'espace aérien rwandais par les avions de guerre de la RDC.
La situation n'a pas été améliorée par les déclarations publiques répétées de Tshisekedi, affirmant qu'il était prêt à provoquer un << changement de régime >> au Rwanda, allant même jusqu'à declarer qu'il atteindrait cet objectif sans mettre un pied sur le sol rwandais.
En réponse, le Rwanda a annoncé avoir mis en place des mesures défensives pour contrer toute éventuelle attaque.
En effet, le Rwanda a par la suite activé sa technologie de défense pour intercepter un barrage d'obus trés depuis le camp de la coalition FARDC à Goma, après l'entrée du M23 dans la ville. Le mouvement rebelle a finalement pris Goma à la fin du mois dernier, après près de deux jours de combats intenses autour de l'aéroport.
Stocks d'armes abandonnés
Alors que les FARDC, accompagnées des troupes burundaises, des miliciens génocidaires des FDLR et des milices Wazalendo, fuyaient en désordre, et que leurs autres alliés se repliaient vers leurs bases, ils ont abandonné d'importants stocks d'armes modernes, de munitions et d'autres équipements militaires.
Lorsque le journal "The New times" a visité un grand arsenal près du lac ainsi que certains des champs de bataille où se sont déroulés de violents combats, comme l'aéroport de Goma et la caserne de Mubambiro, nous avons passé des heures à observer d'énormes quantités d'armes.
La plupart d'entre elles étaient encore soigneusement rangées dans leurs conteneurs d'expédition, avec leurs étiquettes et numéros de volume intacts.
À l'aéroport de Goma et à Mubambiro, la majorité des armes d'artillerie saisies, des chars de combat, des véhicules blindés de transport de troupes et même des avions de combat étaient abandonnés en désordre, mais généralement intacts.
Si le principal dépôt d'armes se trouvait près du lac Kivu, plusieurs petits arsenaux étaient également disséminés à l'aéroport de Goma, dont la plupart étaient restés intacts.
Sur place, nous avons aperçu un arsenal mobile qui avait été incendié par les troupes burundaises en fuite. Cependant, de nombreux autres dépôts avaient été laissés intacts, ce qui suggère que ces forces n'avaient pas eu le temps d'organiser leur retraite, alors que le M23 avançait rapidement sur la ville.
La plupart des munitions étaient stockées dans de grandes caisses métalliques ou en bois, voire dans des boîtes en carton ondulé, soigneusement empilées en colonnes s'élevant bien au-dessus de ma tête.
Il y avait d'importantes quantités de munitions de différents calibres et types, y compris des grenades non explosés (engins non explosés), ainsi que des uniformes neufs, des gilets pare-balles, des gourdes militaires et des casques abandonnés sur ces champs de bataille ravagés par la guerre.
La visite du journal ayant eu lieu près de deux semaines après la prise de Goma par les rebelles, a eu pour informations, qu'une grande partie des armes saisies et d'autres équipements avaient déjà été évacués vers les zones de combat.
Pourtant, il restait encore beaucoup à voir.
Lances-roquettes multiples BM-21 Grad
À l'aéroport de Goma, nous avons aperçu un camion lance-roquettes multiple BM-21 Grad équipé de 40 tubes de lancement.
Nous avons appris que quatre de ces engins avaient été saisis sur place.
Le BM-21 Grad a une portée de tir de 20 à 40 km, ce qui signifie qu'il pouvait être utilisé depuis cette position pour frapper une cible dans le district de Nyabihu, au Rwanda.
Comme les Grad ne sont pas des armes de précision, chaque roquette peut dévaster une vaste zone, grâce à de multiples explosions et effets de fragmentation déclenchés en une seule salve, ne laissant aucune chance aux victimes de réagir.
Cette arme, fabriqué en Union soviétique, est capable de tirer 40 roquettes en seulement 20 secondes.
"Le Grad fait parti de ces armes qui libèrent une salve de puissance de feu d'artillerie, c'est une arme très dangereuse ", a déclaré un officier d'artillerie à la retraite à "The New Times" cette semaine.
Les recherches indiquent qu'un système de lance-roquettes multiple M-21 Grad coûte environ 2,3 millions de dollars, hors frais de transport.
Lance-roquettes 122 mm RM-70 21 BM
Parmi les armes saisies à l'aéroport, on trouve également des lance-roquettes de 122 mm RM-70 21 BM, capables de tirer à plus de 20 km.
À l'image du Grad, le RM-70 qui peut tirer 40 roquettes en une salve, utilisant plus de 250 kg d'explosifs.
Le RM-70, conçu en Tchécoslovaquie, peut tirer différents types d'ogives et dispose de 40 tubes de lancement.
Le M23 a saisi plus de 2 200 de ces roquettes à Goma uniquement.
En recherchant leur prix sur Internet, le journal a découvert que chaque roquette peut coûter jusqu'à 2 000 dollars, hors frais de transport et autres coûts associés.
L'obusier D-30 de 122 mm est une pièce d'artillerie remorquée, montée sur roues, capable de pivoter sur 360 degrés. Au moins deux obusiers ont été capturés à l'aéroport. Ils étaient encore là lorsque nous avons visité les lieux la semaine dernière. Un obusier a une portée de tir de 15,4 km avec des obus HE-Frag standard, mais peut atteindre 21,9 km avec des projectiles à roquette.
Des Lance-roquettes multiples Katyusha de 107 mm
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Cependant, certaines variantes modernes des roquettes Katyusha ont une portée de tir effective de 40 à 80 km. Près de 1000 roquettes Katyusha ont été saisies à l'armurerie du bord du lac à Goma. Israël a eu du mal à intercepter les roquettes Katyusha lancées par le Hezbollah avant de déployer sa technologie de défense Iron Dome en 2011. Bien que les roquettes Katyusha soient connues pour être relativement abordables par rapport aux systèmes de missiles plus avancés, une seule roquette Katyusha de 107 mm coûte environ 300 $ Dar tir, selon les informations disponibles en ligne.
Canons anti-aériens de 37 mm, 3000 obus
Les rebelles ont également saisi plusieurs canons anti-aériens de 37 mm, ainsi qu'au moins 3000 obus rien qu'à Goma. Ce canon peut être utilisé dans diverses configurations, y compris sur des véhicules autopropulsés, des remorques ou des installations fixes. Il a une possibilité de tir compris entre 150 et 180 coups par minute, avec une portée effective inclinée de 2499 m. Il peut atteindre des cibles jusqu'à km de distance.
Il n'était pas immédiatement clair combien coûtait cette arme anti-aérienne.
Canons anti-aériens de 20 mm, 300 obus
Parmi les débris issus des combats sur la piste de l'aéroport se trouvaient deux canons anti-aériens de 20 mm autopropulsés montés sur des transporteurs de troupes blindés (APC). Cette pièce d'artillerie peut se déplacer sur le champ de bataille de manière autonome, tirant rapidement depuis différentes positions sans nécessiter de traction exterme.
Plusieurs millions de dollars par unité, en fonction du système spécifique, selon les informations que le journal a obtenus, en ligne, avec une portée de tir allant jusqu'à 8 km (bien que certaines variantes puissent atteindre 13 km).
Le mortier guidé de 120 mm est une munition de haute précision idéale pour les opérations d'infanterie. Avec un système comportant une capacité de haute explosivité et de contrôle pyrotechnique, il soutient les forces amies avec des capacités de frappe de précision adaptées à la cible des forces ennemies et de leur équipement. Ce type de mortier, essentiellement un projectile guidé grâce à des systèmes de guidage supplémentaires intégrés comme le GPS, peut attaquer plusieurs cibles en un seul positionnement.
Plus de 2000 obus de mortier (projectiles) ont été saisis à l'armurerie du bord du lac, en plus des armes anti-aériennes de 30 mm et de 20 Les rebelles ont également saisi une variété d'autres armes d'artillerie de soutien, y compris des armes anti-aériennes de 30 mm (avec au moins 2000 roquettes), des armes anti-aériennes de 20 mm (avec plus de 2000 obus), chacune ayant des capacités pour atteindre une cible à sept kilomètres de distance.
À l'aéroport, le M23 a également capturé au moins quatre tanks, chacun monté avec des canons anti-char et de campagne de 100 mm, plus au moins 300 obus. Chaque tank pourrait valoir plusieurs centaines de milliers de dollars, selon son état, tandis que les obus d'artillerie ordinaires coûtent environ 2 000 $ chacun, selon les informations disponibles en ligne.
Pendant ce temps, le M23 a également capturé de grandes quantités d'armes intégrales, y compris des mortiers de 82 mm (avec plus de 400 obus) ; des fusils anti-char sans recul SPG-9 de 73 mm (400) ; et des lance-mortiers de 60 mm, ainsi que plus de 400 obus. D'autres armes comprennent des mitrailleuses anti-aériennes de 12,7 mm, accompagnées de plus d'un million de cartouches. Une mitrailleuse était répertoriée à environ 2 250 $ par unité il y a plus de dix ans. Il y avait aussi d'autres types de mitrailleuses, ainsi que des dizaines de milliers de cartouches.
À l'armurerie, le journal a également vu des RPG, et des grenades propulsées par roquette, une arme tirée à l'épaule qui lance des roquettes avec des ogives explosives. Un RPG peut être utilisé pour détruire des tanks, des véhicules et des hélicoptères. Les rebelles ont également capturé des armes de précision à longue portée utilisées pour des assassinats ciblés, ainsi que plus de 300 000 cartouches, selon un officier du M23 qui a fait visiter l'armurerie, qui comptait près de 40 conteneurs d'armes saisies. Ils ont également capturé des boîtes contenant plus de 300 millions de cartouches pour des mitrailleuses légères, des armes automatiques légères à canon court conçues pour les combats à courte portée.
À l'entrepôt d'armement au bord du lac, le journal a passé plus d'une heure à se déplacer d'un conteneur rempli d'armements à un autre, chacun chargé de piles de boîtes non scellées de munitions, y compris des roquettes RPG. Certains étuis de roquettes RPG portaient des étiquettes du Burundi.
À l'aéroport, la coalition dirigée par la FARDC a également abandonné plusieurs avions de chasse, dont un Suhkoi-25 fabriqué en Russie, une arme majeure dans l'arsenal du président Tshisekedi dans sa guerre contre le M23, complet avec ses composants, y compris des pods, 20 000 roquettes C-8 et des bombes Ofab.
Les rebelles ont également trouvé trois hélicoptères militaires à l'aéroport, des drones suicides et des véhicules aériens de reconnaissance.
Ailleurs, à Mubambiro. The New Times a vu plusieurs drones capturés, y compris des drones Kamikaze, parfois appelés drones suicides. Également connus sous le nom de drones de patrouille, ils peuvent transporter une variété de charges explosives et ont la capacité de survoler une cible jusqu'à ce qu'ils reçoivent l'instruction de frapper.
Contrairement à d'autres drones, les drones Kamikaze ne sont utilisés qu'une seule fois car ils se détruisent eux-mêmes lorsqu'ils atteignent leur cible. Le coût de cette arme aérienne avec une ogive intégrée varie considérablement en fonction du type, allant de 1000 $ à 35 000 $. À Mubambiro, ce journaliste a vu des dizaines de ces armes mortelles, ainsi que leurs accessoires, y compris des batteries.
Armes abandonnées par les troupes sud-africaines
Certaines des armes abandonnées par les Sud-Africains comprennent des RPG, des SPG-9, des grenades anti-char, des grenades LG5, des chaînes de MG, des chargeurs chargés, entre autres. Le commandant a dit que le contingent sud-africain FIB/MONUSCO a combattu aux côtés des forces spéciales FARDC (Hiboux) et des forces de la SADC, ces dernières ayant précédemment déménagé vers cette base de Beni après l'arrivée des troupes sud-africaines de la SADC à Mubambiro.
" Nous pensons qu'ils ont demandé à être transférés à Mubambiro parce qu'ils voulaient être en mesure d'offrir un soutien logistique à leurs compatriotes des SANDF (Forces de défense nationale sud-africaines) qui venaient 4n RDC dans le cadre de la Mission de combat de la SADC, et "ils l'ont bien fait " a expliqué l'officier du M23.
Les responsables sud-africains ont admis que le contingent FIB/MONUSCO du pays apportait son soutien à leur mission de combat de la SADC. A Mubambiro, nous avons appris que les troupes sud-africaines étaient la dernière ligne de résistance à l'offensive du M23 après la fuite des forces spéciales Hiboux de la RDC et des mercenaires européens le 24 janvier 2025. On nous a dit que plus d'une douzaine de soldats sud-africains sont morts ici ce jour-là. "The New Times" a vu une copie d'une lettre du chef du contingent sud-africain de la SADC à la base adressée au commandant du M23 demandant la permission de récupérer les restes de leurs compatriotes tombés.
Comme cela a été le cas à l'aéroport de Goma, la bataille pour Mubambiro a duré un jour et demi, avec le M23 tirant parti de ses positions stratégiques sur les collines avoisinantes, notamment Ngingwe, Rukara, Muremire, Kiluku et Kwa-Madimba, pour repousser les renforts de Goma et submerger la base.
Une unité du M23 qui a percé les lignes ennemies pour prendre la péninsule de Bulengo avant d'attaquer les casernes par l'arrière s'est révélée être l'un des facteurs les plus décisifs de cette bataille.
Les bâtiments de ce complexe militaire portent les cicatrices fraîches de la guerre, certains présentant des dégâts importants dus à des bombardements apparemment venus de différentes directions.
Au moins cinq tanks, dont un appartenant au contingent offensif FIB/MONUSCO de l'Afrique du Sud, ont été détruits le jour où le M23 a capturé la base.
Lorsque le journal a visité Mubambiro, le 11 février dernier, les troupes de la SADC étaient confinées dans leurs camps respectifs à la base, avec des drapeaux blancs - symbole de reddition ou de cessez-le-feu flottant de leurs bases.
Comme cela a été le cas à l'aéroport de Goma, les forces de la SADC possédaient encore des armes dans leurs camps, mais une source du M23 a exclu la possibilité de leur permettre de partir avec leurs armes lorsque leurs pays accepteront finalement de les retirer.
<< Aucune chance ", a déclaré le commandant chevronné dont les unités ont réussi à tenir leurs positions dans une gamme stratégique de montagnes au nord-ouest de Sake et Mubambiro, des régions basses, pendant plus d'un an avant leur offensive décisive le mois dernier.
Ailleurs, "The New Times" a également trouvé des armes d'artillerie - certaines brûlées, d'autres apparemment en bon état - capturées par le M23 dans plusieurs autres localités, y compris à une ancienne base de mercenaires à Trois Antennes à Kibati et Kirimanyoka, toutes deux situées dans le territoire de Nyiragongo. Nous avons également appris que les rebelles avaient saisi plusieurs autres armes dans au moins trois hôtels de Goma où des mercenaires européens étaient installés.
<<< Ces armes n'étaient pas destinées à attaquer un petit groupe de rebelles >>> L'ampleur de l'armement qui avait été accumulé dans et autour de Goma a laissé les observateurs perplexes, beaucoup citant cela comme une preuve irréfutable de l'intention de Tshisekedi de mettre en uvre ses menaces audacieuses contre le Rwanda.
Il a été estimé que le gouvernement de Tshisekedi avait investi des milliards de dollars américains dans du matériel militaire et des technologies dans sa guerre contre le M23, certaines estimations évaluant montant à 4 milliards de dollars.
Interrogé sur l'armement militaire que le gouvernement congolais avait assemblé à Goma, ainsi que sur le déploiement continu de ses forces de coalition, y compris les génocidaires FDLR près de la frontière avec le Rwanda, un colonel à la retraite a déclaré : " Ces armes n'étaient pas destinées à attaquer un petit groupe de rebelles comme le M23, elles avaient été assemblées pour envahir le Rwanda.
<< C'est incroyable ce qui se passait là-bas, juste à notre frontière ", a-t-il dit. << Ce n'était qu'une question de temps, le M23 aurait bien pu déjouer une frappe majeure sur le Rwanda. >>>
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James Munyaneza
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