Malgré les appels à la paix et à la coopération régionale, le Burundi a intensifié son engagement militaire en RDC le 23 février 2025, en déployant des renforts supplémentaires dans plusieurs zones de la province du Sud-Kivu.

Parmi ces zones figure la plaine de la Ruzizi, une vallée qui constitue une frontière naturelle entre la RDC, le Burundi et le Rwanda, où la présence militaire a été considérablement renforcée. La RDC espère que le déploiement des forces burundaises contribuera à repousser les rebelles du M23, qui maintiennent leur emprise sur une grande partie des Kivus.

De plus, le Burundi a déployé des renforts militaires à Sange, dans le territoire d'Uvira, où cinq canons de 107 mm ont été installés afin de consolider la défense de la région.

À Vugizo, une zone frontalière burundaise, un afflux de soldats d'artillerie équipées de drones de surveillance ainsi que de canons de 120 mm et 122 mm ont également été observés.

Alors que le déploiement des troupes burundaises se poursuivait, le président Évariste Ndayishimiye s'est discrètement rendu à Kinshasa pour rencontrer son homologue, Félix Tshisekedi. Cette rencontre, qui a eu lieu le même jour que l'arrivée des renforts, portait principalement sur l'aggravation de la situation sécuritaire et la rémunération des soldats burundais.

Des sources proches du cercle restreint de Tshisekedi ont révélé que la préoccupation majeure de Ndayishimiye était d'obtenir une augmentation de paiements pour les 15 000 soldats burundais déployés en RDC.

Ces troupes combattent dans le cadre d'un accord militaire signé entre les deux pays et formalisé en août 2023. Selon les termes de cet accord, Tshisekedi verserait 5 000 dollars par soldat et par mois à Ndayishimiye. Cependant, d'après les informations recueillies, les soldats ne reçoivent qu'une infime partie de cette somme ; 70 dollars pour les grades inférieurs et 100 dollars pour les officiers.

Le président Tshisekedi a toutefois rejeté la demande de Ndayishimiye, invoquant les difficultés rencontrées par la coalition militaire congolaise face à l'offensive du M23.

Parallèlement, Tshisekedi a accordé des incitations financières allant de 400 à 1 000 dollars aux membres des FDLR, une milice impliquée dans le génocide contre les Tutsi en 1994, ainsi qu'à d'autres groupes armés opérant en RDC. Il a également promis plus de 120 dollars par combattant dans les territoires de Walikale et Masisi, afin de les encourager à intensifier leur engagement dans le conflit.

La décision de déployer des troupes burundaises a été prise unilatéralement par Ndayishimiye, et ses détracteurs estiment qu'elle est motivée par des intérêts personnels et idéologiques. Ndayishimiye partage avec Tshisekedi et les FDLR une forte hostilité envers les Tutsi, un facteur qui préoccupe de plus en plus les observateurs internationaux.

Cette affinité idéologique alimente les préoccupations, car les deux dirigeants continuent de soutenir les FDLR, un groupe largement critiqué pour son rôle dans l'instabilité persistante de la région.

Contrairement au soutien militaire du Burundi, la RDC peine à obtenir l'appui d'autres nations africaines. Tshisekedi a récemment sollicité une assistance militaire auprès du Mali, du Sénégal et du Tchad, mais ces pays ont refusé de s'impliquer dans le conflit en cours.

Lors du sommet de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) tenu le 8 février 2025, les chefs d'État ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise du dialogue entre les factions rivales.

Cependant, la présence militaire prolongée du Burundi compromet ces efforts, exacerbe les tensions et complique davantage la recherche d'une solution pacifique et durable, tout en mettant à l'épreuve les initiatives de paix régionales.

Ndayishimiye a demandé une augmentation de paiements pour les 15 000 soldats burundais déployés en RDC

IGIHE



Source : https://fr.igihe.com/Ndayishimiye-sollicite-plus-de-fonds-aupres-de-Tshisekedi.html