
Là, à l'Est, la guerre fait rage entre les FARDC et leurs alliés d'un côté, et l'AFC/M23 de l'autre. Cette intervention s'ajoute aux quelque 2 700 soldats sud-africains déjà déployés au sein de la Monusco et de la SAMIRDC, la force de la SADC. Cependant, derrière cette expansion discrète se cache une stratégie qui semble s'éloigner de toute rationalité.
Pourquoi ce déplacement de troupes vers une région si éloignée du cur du conflit ? Pourquoi cette insistance à maintenir une présence militaire quand, au contraire, les échos d'une guerre qui coûte la vie à tant d'hommes résonnent dans les esprits ?
C'est comme si le président Ramaphosa, mû par une témérité presque tragique, s'abandonnait à une danse enflammée dont il ne mesure ni le rythme ni les braises. Chaque pas qu'il esquisse semble le rapprocher d'un brasier dont il ne perçoit plus l'ardeur, captivé par l'illusion du pouvoir et des jeux d'influence.
Son engagement militaire en République Démocratique du Congo ressemble à une chorégraphie où le pragmatisme cède la place à l'aveuglement, où l'intérêt national s'efface derrière des ambitions opaques. Dans cette arène aux contours incertains, il avance, insensible aux crépitements de l'incendie qu'il alimente lui-même, tandis que la cendre de ses décisions se dépose sur les épaules de ceux qu'il envoie en première ligne.
Mais jusqu'où pourra-t-il pousser cette danse périlleuse sans que les flammes ne consument l'illusion d'une stratégie mal maîtrisée ? À force de jouer avec le feu, il risque de voir son ombre se fondre dans les fumées d'un combat dont l'issue ne dépend plus de lui.
Car l'Histoire est impitoyable avec ceux qui confondent témérité et clairvoyance. Chaque soldat tombé, chaque décision dissimulée sous le silence de Pretoria, devient un pas de plus vers le précipice. Loin des feux officiels et des discours mesurés, la vérité s'écrit en lettres brûlantes sur le champ de bataille, et bientôt, il ne restera plus que les cendres d'une ambition qui se sera consumée sous le poids de ses propres contradictions.
Une politique qui semble défier toutes les logiques, militaires, sécuritaires, diplomatiques, sans se soucier des conséquences tragiques d'une telle intransigeance. Le renforcement de l'armée sud-africaine à Lubumbashi apparaît comme une manuvre incertaine, un pari risqué dans un théâtre de guerre où les acteurs jouent leur survie et leur dignité.
Et pourtant, malgré cette mobilisation, un silence absolu règne à Pretoria, un silence qui ne fait qu'intensifier l'incompréhension générale. Pourquoi un tel mutisme ? Pourquoi cette omerta dans la gestion de cette nouvelle implication sud-africaine en République Démocratique du Congo ?
La participation de ces soldats dans la SAMIRDC ne fait-elle pas l'objet de vives interrogations dans le pays, surtout après le sacrifice de 14 de ses soldats à Goma, au cours de violents affrontements contre l'AFC/M23 ?
À Pretoria, cependant, aucune déclaration officielle, aucun commentaire, comme si la réalité était soigneusement dissimulée sous un voile d'indifférence.
La Commission de défense du Parlement sud-africain, pourtant en première ligne pour être informée de telles décisions, se retrouve dans une stupéfiante ignorance, ce que déplore amèrement le député sud-africain Chris Hattingh.
Cette absence totale d'information reflète une volonté d'échapper à la confrontation avec les vérités dérangeantes, d'éviter le regard critique du peuple sud-africain et de l'opinion internationale.
L'Afrique du Sud semble alors enfermée dans une dynamique de dissimulation, préférant garder pour elle les enjeux stratégiques de cette présence militaire dans un contexte déjà largement complexe. Cette dissimulation est peut-être un moyen de fuir les lourdes questions qui se posent sur les raisons profondes de l'engagement militaire et sur la légitimité de ce sacrifice humain, un sacrifice qui, pour beaucoup, demeure obscur et mal compris.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Ramaphosa-envers-et-contre-tous.html
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