Plus récemment, son engagement en faveur d'un dialogue national au Tchad illustre l'ampleur de son investissement dans la pacification des tensions internationales. Cette posture active et proactive a d'ailleurs été saluée par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui qualifie la capitale qatarie de " plateforme du dialogue mondial ".

L'efficacité de cette diplomatie de médiation repose sur un faisceau d'atouts indéniables. D'une part, le Qatar a su développer un savoir-faire diplomatique sophistiqué, hérité notamment de l'action déterminante de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Hamad Ben Jassim. Ce savoir-faire se double d'une politique d'ouverture vis-à-vis des mouvements d'opposition, y compris ceux à coloration islamiste, ce qui confère à Doha les leviers nécessaires pour instaurer des dialogues constructifs.

Ainsi, plusieurs médiations qataries ont abouti à des résultats probants, témoignant de la capacité de l'émirat à instaurer un climat de confiance entre parties antagonistes.

Par ailleurs, l'action du Qatar s'inscrit dans une dynamique géopolitique où la bienveillance des grandes puissances demeure un facteur déterminant.

L'Afghanistan en constitue une illustration éloquente : Doha y a joué un rôle central dans les négociations entre Washington et les Talibans, aboutissant au retrait des troupes américaines.
De surcroît, dans certaines configurations, le Qatar agit en concert avec des puissances européennes, ce qui renforce sa légitimité et sa marge de manœuvre diplomatique.

Une relation complexe entre le Qatar et le Tchad

L'influence grandissante du Qatar dans la médiation internationale s'illustre également dans ses relations avec le Tchad, bien que celles-ci aient été historiquement empreintes de tensions. Lors de la crise du Golfe en 2017, les liens diplomatiques entre les deux nations furent rompus, leurs ambassades respectives fermées, et le Qatar fut ostracisé par le Conseil de coordination du Golfe (GCC), qui s'aligna sur la position de l'Arabie saoudite. Doha, de son côté, offrit l'asile à des figures de l'opposition tchadienne, dont Timane Erdimi, chef du Rassemblement des forces pour le changement.

Cependant, l'accession au pouvoir du général Mahamat Idriss Deby a marqué un tournant décisif dans ces relations. En septembre 2021, lors d'une visite officielle à Doha, le nouveau dirigeant tchadien sollicita expressément la médiation de l'émir du Qatar pour faciliter une réconciliation nationale.

Conscient du rôle prépondérant de l'émirat et de son influence sur certaines franges de l'opposition politico-militaire en exil, Deby fit appel à l'expertise diplomatique qatarie, convaincu de l'efficacité des efforts que ce dernier avait déjà déployés dans la région, notamment au Soudan.

Si cette initiative illustre la reconnaissance internationale du savoir-faire qatarien en matière de médiation, elle suscite néanmoins des réticences de la part de certaines puissances occidentales, à commencer par la France.

L'implication du Qatar au Tchad est perçue avec circonspection par Paris, qui observe de près le rapprochement de Doha avec des acteurs influents tels que la Turquie, désireuse d'accroître son ancrage dans une région stratégique voisine de la Libye et la Russie, qui cherche à consolider son emprise géopolitique sur le continent africain.

Ainsi, par sa diplomatie subtile et ses réseaux d'influence bien établis, le Qatar s'impose progressivement comme un interlocuteur incontournable dans la gestion des crises internationales. Tirant parti de son positionnement stratégique et de ses ressources considérables, l'émirat s'affirme comme un médiateur d'envergure, capable de naviguer avec dextérité entre les intérêts des puissances mondiales et les aspirations des acteurs locaux en conflit.

Le Qatar s'emploie avec constance et habileté à s'ériger en médiateur de premier plan sur l'échiquier diplomatique

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Le-Qatar-est-un-artisan-diplomatique-de-la-mediation-internationale.html