
Les FDLR, héritières d'un passé criminel indélébile, ne se sont pas seulement illustrées par leur violence, mais également par leur mainmise sur un pan entier de l'économie informelle dans l'Est de la République Démocratique du Congo.
Loin de se réduire à une entité purement martiale, ces factions incarnaient une structure protéiforme, étendant ses ramifications à travers un enchevêtrement de réseaux clandestins, où s'entrelacent connivences tacites et complicités insoupçonnées. Bien plus qu'une force armée, elles se révélaient être les rouages d'un mécanisme occulte, une entité polymorphe, à la fois invisible et omniprésente, dont l'influence s'infiltrait dans les interstices les plus impénétrables du tissu social et institutionnel. Leur existence même défiait l'entendement, subvertissant les frontières traditionnelles entre légalité et illégalité, entre pouvoir officiel et contre-pouvoir souterrain.
Aussi, leur éviction ne saurait se limiter à une simple reconfiguration du paysage sécuritaire ; elle opère une dislocation profonde d'un écosystème financier savamment échafaudé, où s'imbriquaient intérêts occultes et flux monétaires opaques. Cette déstructuration brutale ébranle les équilibres souterrains d'une économie parallèle, redistribuant, à l'insu du grand jour, les cartes d'un jeu dont les règles demeurent insaisissables. Les circuits autrefois imperméables se fissurent, les allégeances vacillent, et le silence des coulisses résonne du tumulte d'une recomposition aussi inéluctable qu'imprévisible.
Parmi les multiples sources de revenus dont elles disposaient, le contrôle du marché du charbon de bois issu du Parc National des Virunga occupait une place prépondérante. Ce trafic, bien que peu médiatisé comparé à l'exploitation des minerais stratégiques, générait des profits substantiels. Le marché annuel du "makala" â" ce combustible essentiel à la population était estimé à hauteur de 45 millions de dollars, dont près de 26 % (soit environ 11,67 millions de dollars) étaient captés par les FDLR jusqu'en 2022.
Curieusement, cette activité lucrative et écologiquement dévastatrice n'a pas suscité l'ire internationale au même titre que l'exploitation des ressources minières, telles que les gisements de coltan à Rubaya, dont la mainmise rapporterait jusqu'à 2,6 millions de dollars par an. Pourtant, l'enjeu économique du charbon de bois dépasse largement celui de certaines exploitations minières ciblées par les discours officiels.
L'ébranlement des positions dominantes des FDLR, consécutif à l'avancée de l'AFC/ M23, a donc non seulement remis en question un statu quo sécuritaire précaire, mais a également révélé l'ampleur des connivences économiques occultes qui entretenaient leur influence.
Il ne s'agit pas tant d'un affrontement idéologique ou strictement militaire, mais bien d'un profond bouleversement des circuits illicites qui structuraient l'économie parallèle de la région. Dans ce contexte, les levées de boucliers que l'on observe apparaissent moins comme une indignation morale que comme l'expression d'intérêts menacés par une redistribution des cartes, où les bénéficiaires d'hier se voient privés d'un monopole qu'ils croyaient inébranlable.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Les-activites-lucratives-des-FDLR.html
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