Dans cette région où les tensions persistent et où les discours biaisés façonnent trop souvent les décisions internationales, il est crucial que le Rwanda mobilise ses alliés et engage un plaidoyer efficace pour que la Belgique, avec son poids diplomatique, adopte une posture plus équilibrée. Une posture qui ne se contente pas de suivre des positions historiques, mais qui s'ancre dans la réalité des faits et des enjeux contemporains.

Cependant, une paix durable en Afrique centrale ne peut être imposée de l'extérieur. Elle doit venir de la région elle-même, portée par ses dirigeants, ses institutions et ses peuples. Il est donc essentiel que toute solution au conflit en RDC tienne compte des réalités locales et respecte les initiatives africaines qui visent à stabiliser la région. Trop souvent, les puissances étrangères ont imposé leurs propres agendas, ignorant les efforts menés sur place. Il est temps que la Belgique, l'Union européenne et la communauté internationale adoptent une approche fondée sur l'inclusion régionale, la concertation et le respect des initiatives africaines.

1. La Belgique : un acteur clé dans la politique africaine de l'UE

Historiquement, la Belgique a maintenu des liens privilégiés avec la RDC, en raison de son passé colonial et de ses intérêts économiques. Aujourd'hui encore, Bruxelles exerce une influence considérable au sein de l'UE sur les dossiers africains, en contribuant à orienter les décisions de la Commission européenne et du Conseil de l'Union.

Grâce à son expertise, la Belgique joue souvent le rôle de porte-parole des questions liées à l'Afrique centrale au sein des institutions européennes. Elle est ainsi en mesure d'influencer les politiques de coopération, de sécurité et d'assistance financière mises en place par l'UE.

Cependant, cette influence ne doit pas être exercée de manière biaisée en faveur d'un seul acteur. L'histoire a montré que les approches simplistes, qui consistent à soutenir uniquement le gouvernement congolais sans prendre en compte la complexité régionale, n'ont pas permis d'apporter une solution durable aux conflits qui ravagent l'Est de la RDC.

2. Le Rwanda : un acteur incontournable pour la paix en Afrique centrale

Le Rwanda, voisin immédiat de la RDC, est directement concerné par l'instabilité de l'Est congolais. Depuis plusieurs décennies, des groupes armés hostiles au gouvernement rwandais, notamment les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), ont trouvé refuge sur le territoire congolais. Mais leur rôle dépasse largement celui de simples réfugiés armés opérant en clandestinité.

En réalité, les FDLR ne sont pas seulement présents en RDC, ils y sont intégrés dans le système militaire et sécuritaire congolais.

Intégration dans les FARDC : Une partie des combattants FDLR a été intégrée dans l'armée régulière congolaise (FARDC) au fil des années, dans le cadre des processus de brassage et de mixage militaires. Cela leur a permis d'acquérir des positions stratégiques au sein des forces armées de la RDC.

Encadrement et formation : Certains cadres des FDLR ont été formés et occupent des postes de commandement dans certaines unités de l'armée congolaise, ce qui leur permet d'influencer les opérations militaires dans l'Est du pays.

Équipement et soutien logistique : Contrairement à l'image de milices en fuite, les FDLR ont bénéficié de livraisons d'armes et d'un soutien logistique, ce qui leur permet de rester actifs et de mener des attaques contre le Rwanda, mais aussi de terroriser les populations civiles locales.

Cette situation constitue une menace directe pour la stabilité régionale, car elle empêche toute solution durable au conflit. Aucune paix durable ne peut être envisagée tant que des groupes génocidaires comme les FDLR sont non seulement tolérés en RDC, mais aussi protégés et intégrés dans ses structures étatiques.

La véritable solution ne réside pas dans une prise de position unilatérale en faveur de Kinshasa, mais dans un engagement équilibré qui exige la neutralisation effective des groupes armés, y compris ceux qui sont directement impliqués dans l'instabilité régionale.

3. Pourquoi la Belgique et le Rwanda doivent collaborer ?

1. Sur le plan sécuritaire

Une approche concertée permettrait de mieux lutter contre les groupes armés qui déstabilisent la région.

La Belgique, en tant qu'acteur influent au sein de l'UE, pourrait encourager une politique européenne qui favorise une solution inclusive plutôt qu'un soutien unilatéral à Kinshasa.

2. Sur le plan économique

Une pacification de la région favoriserait le commerce et les investissements, créant des opportunités aussi bien pour les entreprises européennes que pour les acteurs locaux.

La Belgique pourrait jouer un rôle clé dans la facilitation des échanges entre le Rwanda et l'UE.

3. Sur le plan diplomatique

Un engagement plus équilibré de la Belgique renforcerait son rôle en tant que médiateur crédible dans les conflits régionaux.

Plutôt que d'alimenter les tensions en soutenant exclusivement Kinshasa, elle pourrait contribuer à apaiser les relations entre le Rwanda et la RDC.

4. Stratégies pour renforcer cette alliance

1. Un dialogue diplomatique renforcé

Organiser des rencontres bilatérales régulières entre Kigali et Bruxelles pour discuter des enjeux sécuritaires et économiques.

Encourager les échanges entre les experts et les institutions de recherche belges et rwandaises sur la stabilisation de l'Afrique centrale.

2. Une mobilisation de l'UE pour une politique plus pragmatique en RDC

Convaincre les décideurs européens d'adopter une approche plus équilibrée, qui intègre les préoccupations de tous les acteurs régionaux.

Plaider pour une aide européenne conditionnée à des réformes structurelles et à une meilleure gouvernance en RDC.

3. L'implication des médias et des think tanks

Sensibiliser l'opinion publique belge et européenne à la réalité complexe du conflit congolais.

Mettre en avant le rôle positif que le Rwanda et d'autres pays de la région peuvent jouer dans la stabilisation de la région.

Le temps est venu d'abandonner les approches paternalistes et d'adopter une coopération basée sur le respect mutuel et la reconnaissance des efforts africains.

La Belgique, avec son poids diplomatique au sein de l'UE, a une opportunité unique de soutenir une dynamique régionale qui inclut toutes les parties prenantes. Elle doit choisir entre perpétuer des schémas du passé ou devenir un véritable partenaire du développement et de la paix en Afrique Centrale.

Iradukunda Liliane est l'auteure de l'article

Iradukunda Liliane



Source : https://fr.igihe.com/Pourquoi-la-Belgique-devrait-soutenir-le-Rwanda-pour-resoudre-le-conflit-en-RDC.html