Dans une interview exclusive accordée au Figaro, Félix Tshisekedi est revenu sur sa récente rencontre avec le Président Paul Kagame au Qatar. Il y a évoqué les tensions persistantes entre les deux pays, les conflits régionaux et les défis liés à la gestion des ressources.

Tshisekedi et le Président Kagame se sont retrouvés à Doha sous la médiation de l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani. Ces pourparlers visaient à apaiser les hostilités entre les deux pays, bien qu'aucun accord concret n'en soit ressorti

" La rencontre s'est déroulée dans une atmosphère constructive. Une première étape a été franchie grâce au soutien des émissaires qataris. La priorité était d'obtenir un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Les discussions doivent se poursuivre afin d'aboutir à une solution durable ", a déclaré Tshisekedi.

Les pourparlers en Angola ont échoué après que le M23 ait refusé d'y participer, invoquant les sanctions imposées par l'Union européenne à ses dirigeants. Tshisekedi a souligné que la résolution de la crise devait impérativement passer par les mécanismes de dialogue régionaux.

" La recherche d'une solution durable à la crise congolaise repose sur les processus de dialogue de Luanda et de Nairobi, initiés par l'Union africaine et soutenus par les organisations régionales ainsi que les Nations unies ", a-t-il affirmé.

Tshisekedi a également évoqué les préoccupations liées à l'immense richesse minérale de la RDC et aux négociations en cours avec les États-Unis. Il a rejeté toute crainte d'accords précipités, insistant sur la nécessité de partenariats équitables et bénéfiques pour le pays.

" Ce que je veux absolument éviter, c'est une braderie ou des accords conclus à la hâte ", a-t-il affirmé. " L'objectif est d'établir un partenariat gagnant-gagnant qui permette à la RDC de transformer ses minerais localement, de créer de la valeur ajoutée et de développer une véritable chaîne de production. "

Il a également souligné l'importance de renforcer les infrastructures locales : " Autant que possible, la transformation des matières premières doit se faire ici, avec des investisseurs qui participent au développement des infrastructures énergétiques dont nous manquons cruellement. "

Un autre enjeu majeur concerne la présence des FDLR, un groupe armé largement impliqué dans le génocide contre les Tutsi en 1994. Considérés par le Rwanda comme une menace sécuritaire, leur influence a toutefois été minimisée par Tshisekedi.

" Le désarmement, la démobilisation et la réintégration sont essentiels. Les FDLR ne représentent plus qu'une force résiduelle d'environ 750 combattants, un nombre insignifiant comparé au M23 ", a-t-il déclaré.

Par ailleurs, Tshisekedi a reconnu les faiblesses structurelles de l'armée congolaise, notamment la corruption et la faiblesse des salaires, tout en mettant en avant les réformes engagées pour y remédier.

" Notre armée compte environ 100 000 soldats ", a-t-il indiqué. " Le salaire d'un soldat était de 100 dollars par mois, mais nous avons procédé à une augmentation. Un soldat en première ligne peut désormais percevoir jusqu'à 500 dollars par mois. "

Il a également réaffirmé la position de neutralité de la RDC sur les conflits mondiaux, tout en condamnant fermement l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

" Nous ne sommes pas en conflit avec la Russie ", a-t-il précisé. " La RDC est un pays envahi, tout comme l'Ukraine. "

Malgré les défis persistants, Tshisekedi indique rester ferme et déterminé : la RDC ne sera pas divisée

" J'ai toujours cru en la volonté profonde du peuple congolais pour un Congo uni et indivisible ", a-t-il affirmé. " Je vous promets que cela n'arrivera pas, du moins pas de mon vivant. "

Félix Tshisekedi est revenu sur sa récente rencontre avec le Président Paul Kagame au Qatar

IGIHE



Source : https://fr.igihe.com/Tshisekedi-appelle-a-une-paix-durable-avec-le-Rwanda.html